Peko Watanabe

Difficile de ne pas songer à « Corps Solitaire », également aux éditions Kana, en entamant cette nouvelle série. En effet, Peko Watanabe reprend les mêmes ingrédients, tout en les mélangeant à sa sauce. Un couple ensemble de longue date et un dérapage incontrôlé. Mais fort heureusement, c’est à peu près tout ce qui unit ces deux séries. Un style nettement plus mature que les shôjôs ordinaires, immanquablement destiné à des femmes… souvent déjà dans la vie active, afin qu’elles s’identifient aux protagonistes.



Dans « Entre deux », il est question d’adultère, mais également d’enfant issu de cette liaison. Il aura suffi d’une fois pour que Kôhei mette sa collègue enceinte. Un enfant que la jeune femme, célibataire, compte bien garder sans le soutien du géniteur… à moins que.



La scène de la confession est tout simplement épique. Autour d’un repas tranquille à la maison, le jeune homme avoue à sa compagne qu’il va être père. Comme ça, de but en blanc ! Alors forcément, on s’attend à des cris, des larmes, des injures, de la vaisselle qui vole… mais c’était sans compter le caractère d’Atsuko – At-chan pour les intimes.



« Quoi, tu es ‘enceint’ ? C’est pour ça que tes testicules sont gonflés ? Il y a un embryon dans celui de gauche et un autre dans celui de droite ? Ce sont des jumeaux ? »



Son calme olympien rend sa douleur intense, de même que la gêne de son compagnon, tout penaud en face d’elle. Si avant ça, les lecteurs n’ont pas déjà succombé aux personnages : ce coup de grâce donne un coup d’estoc remarquable, au point de vouloir connaître la suite ; savoir si le couple va résister, si la future mère saura rester à l’écart ou non…



Le dessin n’est d’ailleurs pas en reste. Les traits fins, expressifs… ajoutées à cela des métaphores explicites comme la montée des marches avec des chaînes et des boulets aux chevilles quand sonne l’heure des aveux. L’auteur sait appâter le public pour le fidéliser dès le premier tome. Brillant ! Du coup, on attend sagement la suite prévue pour ce mois de juin 2022.
Lien : https://sambabd.net/2022/06/..

Au travers de la situation somme toute assez banale, l’autrice pose des questions et n’ira certainement pas dans le sens que voudrait la logique sociétale. Elle rappelle ainsi que ces réflexions et choix sont bien personnels et qui ne regardent bien que les personnes impliquées. N’y attendez donc pas de rationalité ou de réponse toute faite (existe-t-elle seulement ?), mais bien des comportements tout ce qu’il y a de plus humains, individuels et forcément imparfaits.
Lien : http://www.bodoi.info/entre-..

Ce second tome est bien plus intéressant que le précédent. Maintenant que nous connaissons les personnages j’aime les suivre pour voir comment ils gèrent cette situation. Ce titre soulève de nombreuses problématiques ancrées dans la réalité. Certains de ces thèmes sont d’ailleurs particulièrement intéressants. J’ai hâte de lire la suite pour voir où cette histoire va nous mener.

Avec ce titre nous faisons la connaissance d’Atsuko et Kohei, en couple depuis plusieurs années. Ils sont heureux ensemble, dans leur quotidien, jusqu’à ce que Kohei apprenne qu’une femme est enceinte de lui.

Ici nous découvrons un premier tome purement introductif, assez lent. Je me suis quelque peu ennuyée, au moins durant la première moitié du titre. En plus je n’accroche pas aux illustrations, cela ne m’a pas aidé à apprécier ce titre.

Cependant, j’ai aimé découvrir les réactions des personnages face à cette situation. J’aime la façon dont cette situation est décrite par l’autrice et comment les choses sont amenées.

La série et toujours aussi intéressante, réaliste, percutante. La mangaka Peko Watanabe traite son sujet avec intelligence, elle pense également à mettre en avant des situations d'autres personnes qui sont aussi complexes. Elle dérange l'ordre établi, c'est pas une série avec laquelle nous nous sentons bien, mais qui fait mal.

Atsuko doit gérer son problème médical et son opération à venir. Elle s'intéresse sincèrement à ce qui lui arrive, c'est dur car il y aura peut être une conséquence assez horrible, peut être mais ils feront tout pour que ça n'arrive pas qu'elle ne pourra plus procréer.

C'est toute une préparation physique et mentale, des rendez-vous avec les médecins, des explications de situation. Avant cette opération, elle est au repos, elle fait des recherches, elles réfléchit.

Elle parle de ce qu'elle à en elle dans ses pensées que nous partageons, impossible de ne pas être touché.

Dans différentes situations, des gens croient pouvoir faire tout seul(e) mais est-ce la bonne solution ? Le soutien moral comptant tout autant que de l'aide qui pourrait être apporté.

Que ce soit Atsuko ou Kôhei ils échangent avec des connaissances et amis pour demander conseil, pour voir les réactions, pour que cela sorte, pour s'exprimer. Là où c'est bien joué c'est que nous voyons en face d'autres humains avec leurs imperfections, leurs propres difficultés.

Kôhei a envie de bien faire les choses. Ils échangent de beaux et bons moments avec Atsuko. A un moment, il sait être là pour elle. Il y a des instants très sympathiques, et même des références à des mangas.

Cela offre aussi des sourires au lecteur, du bon temps, mais cela ne gomme en rien la situation, les difficultés, ce qu'il faudra affronter.

Kôhei rêve ou cauchemarde sur différents plans, par moment il veut faire comme si de rien n'était, un peu comme une femme qui se sait trompée et reste quand même malgré tout avec son mari.

Comme dans beaucoup de série, mais avec un certain tact, alors que nous en sommes à il vaudrait mieux que les deux femmes de sa vie ne se rencontrent jamais, les voilà qui se croisent par hasard sans savoir, en tout cas la première fois.

Le final assène un nouveau coup.

Une série qui questionne un sujet des plus complexes et qui montre avec pertinence les réactions et conséquences, sans omettre les gens autour.

Après ma lecture assez mitigée du premier tome, et qui ne me donnait pas forcément envie de lire plus la suite, malgré des idées intéressantes et taboues, j’avais été un peu perturbée par la construction de ce titre, et gênée par certaines réactions des personnages… Ce deuxième tome était pour moi, une façon de savoir si j’allais continuer ou si je devais m’arrêter là, mais finalement, celui-ci a su me réconcilier avec les idées de départ.



Je n’avais pas forcément beaucoup d’attaches pour les personnages, mis à part Atsuko que je trouvais forte et déterminée. C’était elle qui était la plus intéressante à suivre, et à découvrir, son compagnon Kohei n’est pas vraiment le plus passionnant, et il me laisse toujours avec certaines questions. Je pense que je vais vraiment avoir du mal à accepter ce personnage, surtout quand je lis son discours, j’ai vraiment du mal à comprendre pourquoi il a fait ça.

On avait aussi Yuko, cette jeune femme qui était tombée enceinte, et pour laquelle, je n’avais encore une fois absolument aucune affinité. Bref, à tous les deux, c’était des personnages que je ne pouvais pas suivre, étant dans l’incompréhension complète de cet acte, et de tout ce qui en découlait…

Mais je pense que ce tome aborde les choses différemment, et m’a permis d’avoir une autre approche de ces personnages, de mieux les cerner, mais surtout de comprendre le combat de chacune de ces femmes. Parce qu’en effet, ce sont plus les femmes qui vont être mises à l’honneur que les hommes ici !



Atsuko et Kohei ne sont plus vraiment sur la même longueur d’ondes, et je comprends complètement la position d’Atsuko, qui est dans une situation délicate entre le pardon et la colère de ce qui a été fait. Pour aborder Kohei, celui-ci est intéressant et complexe dans sa construction, il connait ses sentiments pour Atsuko, il veut la garder pour lui, et je trouve que c’est complètement égoïste de sa part. Il nous montre qu’il est amoureux, qu’il tient à elle, qu’il veut se racheter, et en même temps, je crois que lui non plus, ne comprend pas ce qui a bien pu se passer, et il ne peut pas vraiment exiger quoique ce soit d’elle.

Il est de ce fait partager entre sa compagne à qui il tient, et qu’il veut garder auprès de lui jusqu’à la fin, et en même temps, il a de l’autre côté Yuko pour qui il n’a aucun sentiment, mais qui porte son enfant. Bien que cette dernière ne lui demande rien, et veut le garder pour elle, Kohei se sent tout de même responsable, et de nombreux sentiments se disputent en lui. Bien qu’il ne soit pas au premier plan, Kohei est un personnage tout de même complexe, et il reste intéressant pour travailler sur le titre.



Pour Atsuko, on va la suivre dans ses réflexions, dans ses conversations avec ses amies, où sont abordées les questions de sexualité, de maternité, de féminité, et j’ai vraiment bien aimé la suivre ici. Il se dégage d’elle une certaine force pour se relever après ce coup dur, et j’ai aussi aimé toutes ses questions et ses réflexions pour aborder son avenir, et mais aussi sur son passé, comme on le voit avec sa carrière dans le journalisme, qu’elle semble avoir sacrifié. Atsuko sous ses airs est très moderne dans ses réflexions, et est loin de se laisser faire ou aller, elle veut reprendre sa vie en main, et ne plus dépendre de son compagnon, pour qui la confiance n’est plus vraiment là.

Son retour à la maison familiale a été très intéressant, et nécessaire pour elle, mais aussi pour nous, pour en découvrir plus sur elle. Bien que j’ai été un peu surprise par la nouvelle annoncée par sa famille, la mangaka n’aime pas du tout restée sur les sentiers battus, et semble prendre à cœur de mettre en avant des sujets tabous ou peu utilisés pour bouger notre société.

Elle ne va pas seulement le dénoncer au travers d’Atsuko, elle va aussi passer par le personnage de Yuko. Cette dernière m’est un peu plus sympathique, et renvoie aussi cette image de femme forte pour son travail, où elle se donne à fond. Mais aussi dernièrement avec cette grossesse qu’elle veut mener à son terme tout en étant mère célibataire, un combat louable et sûrement difficile, même Atsuko qui connait cette situation se rend compte de l’ampleur de la tâche et de sa difficulté. Yuko, se retrouve confrontée aux aprioris, aux questions, et même aux jugements, notamment de sa maman. D’ailleurs, on va pouvoir en découvrir plus sur son enfance, et découvrir les liens qu’elle entretient avec elle.

La mangaka, va aussi utiliser un proche d’Atsuko pour dénoncer d’autres faits de société, les apparences. C’est une femme qui se juge beaucoup, et qui semble chercher un mari pour avoir un soutien, et pas vraiment par amour. Mais surtout, elle cherche avec beaucoup de difficultés, critiquant son physique, et étant loin de standards de beauté, une idée qui remet en question les critères de beauté, la confiance en soi, et la difficulté qu’ont les femmes à se soutenir mutuellement…



Ce second tome est vraiment très intéressant et vient poser de vraies questions de société sur notamment la femme, et la perception qu’ont les hommes et les femmes des êtres humains féminins. Outre cet adultère qui chamboule le quotidien de ces trois personnages, la mangaka veut nous sensibiliser sur plein d’autres sujets complexes et tabous, et je salue l’effort fait !

Entre-Deux aborde la vie de couple avec nos deux protagonistes qui sont ensemble depuis neuf ans. La mangaka nous parle des différentes étapes que peuvent avoir un couple, tel que le mariage, les enfants... par le personnage d'Atsuko qui se pose plusieurs questions à ce sujet sur le fait d'être bizarre si on ne suit pas ce schéma classique. L'auteure au contraire rassure sur ce choix qui doit rester personnel et non dicté par la société. Non, ce n'est pas bizarre !



Si Atsuko est droite dans ses bottes et aime son petit quotidien au côté de sa moitié, ce n'est pas le cas de Kôhei. C'est le sujet qui prend le plus de place dans l'histoire, la fidélité ! Il suffit d'un tout petit écart pour faire une erreur irréparable. Kôhei va se retrouver dans une situation délicate avec une autre femme qui attend un enfant de lui...



C'est un sujet très important et que je trouve très intéressant à aborder dans une histoire. La mangaka nous fait vivre les réactions d'Atsuko, qui reste bien trop calme pour moi.



Pour conclure, ce seinen offre une vision d'un couple qui a touché le fond. Est-ce que le couple va tenir face à cette épreuve ou au contraire s'écrouler ? Je suis curieuse de connaître la suite et je vais donc continuer cette série. De plus, ce manga aborde des sujets intéressants qui ont des similitudes avec la série "Just Not Married". Si vous avez aimé cette dernière, ce manga devrait vous plaire.

Cette BD, joliment dessinée, touche forcément par ses thèmes universels. Mais elle est aussi intéressante du fait qu’elle traite son sujet à travers le prisme du modèle familial japonais. Une amie de héroïne l’évoque sans tabou et compare même la situation inhabituelle d’Atsuko avec celle des femmes… françaises !


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