Il regarda les fermes endormies, l'herbe tendre sous la voûte ombragée des arbres, les grandes taches de sang des pivoines qui devenaient noires sous le ciel nocturne; les champs exhalaient le parfum du trèfle et du jasmin; grâce à la jeune fille qui roulait à ses côtés, la main sur son épaule, Göran retrouva sans peine l'atmosphère que Klaus avait détruite. Mais la motocyclette était-elle vraiment en harmonie avec cette atmosphère féerique? N'aurait-il pas été préférable de pédaler? Un cheval aurait également été mieux à sa place; décidément, les contes de fée et les machines n'étaient pas faits pour s'entendre. Les temps modernes détruisent les contes, la poésie, ils ne laissent que la prose.