Le soir tomba avec une déroutante soudaineté, comme un rideau baissé en hâte sur la débâcle effarante d’une pièce de théâtre amateur. Puis l’homme s’aperçut que l’obscurité n’était pas due au coucher du soleil mais au fait que le train entrait dans une épaisse forêt, laissant derrière lui les vastes champs de neige traversés tout l’après-midi. Les sapins, hauts et denses, se massaient le long de la voie comme des enfants se pressant contre la fenêtre d’une classe pour mieux voir quelque horrible accident survenu dans la rue.
(incipit)