AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Catherine Richard-Mas (Traducteur)
EAN : 978B09MV56CWS
338 pages
Christian Bourgois Editeur (20/01/2022)
3.79/5   42 notes
Résumé :
Un couple d’Américains dont on ne connaîtra jamais le nom se rend dans une ville d’Europe pleine de brume et de neige pour y adopter un enfant. C’est un voyage éprouvant lors duquel la femme voit ses forces s’amoindrir ; le mari, lui, s’inquiète de ce que la maladie de son épouse risque d’empêcher l’orphelinat de leur confier la garde du bébé.
Lors de leur arrivée, le couple s’installe dans le Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel, un hôtel caverneux sur le... >Voir plus
Que lire après Ce qui arrive la nuitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 42 notes
5
8 avis
4
12 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Lu il y a quelques semaines j'ai encore en mémoire l'atmosphère étrange et cotonneuse de ce roman intemporel et onirique. Peter Cameron y livre le portrait en contre jour d'un couple d'Américains aussi mystérieux qu'évanescents qui entreprend un voyage dans une contrée glaciale imaginaire alors que l'hiver bat son plein pour adopter un enfant dans un orphelinat. Leur périple débute dans un train à vapeur filant dans la nuit brumeuse à travers la Toundra blanche et la forêt de bois noirs. La blancheur des paysages enneigés contraste avec la noirceur de l'ambiance empreinte de mélancolie « Leur voyage ressemblait à un voyage des siècles passés ».
Arrivés à destination ces personnages dont on ne sait rien, qui n'ont pas de noms (appelés l'homme et la femme) luttent contre les rafales de neiges et se font conduire au Grand Impérial Hôtel désertique et obscur. Une sensation d'inquiétude et d'immobilité se dégage dès les premières scènes et trouble le lecteur. Il devient rapidement difficile de déterminer la limite entre hallucinations, songe et réalité. de ce majestueux mais lugubre hôtel émane une ambiance mystérieuse rappelant celle des romans gothiques.
Dans le Hall désert et froid aux allures de « salle de bal des navires de croisière engloutis » le seul soubresaut de vie se trouve dans le bar à la lumière rouge qui détonne avec le blanc et noir ambiant. C'est ici que l'homme rencontre une femme fatale extravagante ancienne chanteuse danseuse et comédienne, un Barman impénétrable et un homme d'affaire malsain. Vont-ils les aider ou les manipuler ? L'homme et la femme sont comme envoûtés par l'endroit et semblent glisser vers la déraison. La femme décharnée par une maladie grave s'accroche à cet espoir de maternité aidée dans sa démarche par un énigmatique guérisseur. Au fil du récit la tension monte, l'adoption est mise à mal et leur quête initiale se transformera en voyage initiatique où chacun venu chercher un enfant pour renforcer leur couple va en réalité se trouver et changer ses convictions. Roman sur le couple, la mort, le désir d'enfant et de l'autre, il désoriente le lecteur jusqu'à la fin. Hypnotique.
Commenter  J’apprécie          945
Un roman atypique, dont le charme repose en grande partie sur son atmosphère étrange, feutrée et principalement nocturne.
Un couple, dont les protagonistes seront simplement nommés « l'homme » et  « la femme », se dirigent vers un hôtel au nom difficilement prononçable (« Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel ») dans un pays nordique en Europe. Venus des États-Unis, ils ont enduré un voyage long et pénible pour enfin devenir parents, en adoptant un bébé à l'orphelinat, non loin de l'hôtel. La femme est gravement malade, omnubilée par cette adoption, elle se montre distante avec son époux.  L'homme suit, plus motivé par l'idée de ne pas déplaire à sa femme que par ce projet d'adoption.

Mais très vite, l'arrivée en train dans ce coin isolé où règne la neige, apparaît comme l'entrée dans un monde à part, comme parallèle à notre réalité, tant tout y est inhabituel, surprenant et décalé. L'auteur joue avec nos repères, les brouille, instillant des éléments contraires et paradoxaux.
Il commence avec un lieu, cet hôtel qui de prime abord semble luxueux (bar chic, quatuor à cordes, menus du restaurant dignes d'un palace) mais dont les chambres paraissent tout droit sorties d'un pays de l'Est au temps de l'URSS. Tout nous porte à croire que la période est actuelle, or, la description du train fait état d'une locomotive à vapeur. Les repères du lecteur deviennent confus, d'où cette permanente sensation d'étrangeté.
L'ambiance énigmatique et troublante  doit aussi beaucoup aux incursions régulières de l'homme dans ce bar sophistiqué, véritable lieu emblématique de ce roman.
Les descriptions très visuelles ne peuvent qu'évoquer un tableau d'Edward Hopper ou Jack Vettriano, où seul le personnage, accoudé au bar, est baigné d'une lumière tamisée dans un décor assombri. L'étrangeté et l'atmosphère onirique m'ont même fait penser à l'animé japonais « le voyage de Chihiro ».

Mais l'auteur ne s'en tient pas qu'au décor et au lieu : des personnages fascinants, parfois inquiétants vont croiser la route de ce couple, qui semble en bout de course, autant  physiquement que moralement.
Chacun va évoluer, laisser entrevoir un peu de son histoire, mais surtout réagir à ce lieu.
C'est une lecture atypique, surprenante, parfois troublante, où il ne faut pas vouloir tout comprendre ou expliquer, mais une lecture qui m'a tenue en haleine. Je referme le roman songeuse, un très bon moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          6116
Qu'arrive-t-il la nuit ?
Vous êtes-vous déjà posé la question ?
Si ce n'est pas le cas, et bien Peter Cameron, l'a fait, et sa réponse dans ce livre est déroutante.
Peter Cameron va nous entrainer beaucoup plus loin que sous une banale couette, plutôt à bord du songe d'une nuit d'hiver.
Par une nuit sombre, en terre glacée inconnue, un train transportant l'homme et la femme traverse des étendues enneigées et des forêts noires. S'ils sont à bord de ce train, c'est pour adopter l'enfant dont ils ont tant rêvé et qui leur a sans cesse échappé du fait de la maladie de la femme, de ses fausses couches. Alors, ils s'accrochent à leur dernier espoir, quittent New York pour entreprendre le voyage de la dernière chance, avec en main la photo de leur enfant envoyée par un orphelinat du bout du monde.
Les épreuves successives, l'infertilité, le cancer qui ronge la femme de l'intérieur ont rendu l'ambiance délétère au sein du couple. La période des mots d'amour est passée depuis longtemps. Si l'homme reste attentionné envers sa femme dont il semble toujours amoureux, la femme semble avoir basculé dans l'amertume et le sarcasme, s'attachant à laisser un espace sans cesse grandissant et irrespirable entre eux.
La destination du couple est le Borgarfjaroasýsla Grand Imperial Hotel à côté de l'orphelinat, mais l'auteur tente d'abolir tous nos repères dans ce récit.
Nous ne connaissons pas l'époque, si l'on peut penser au départ que l'action se déroule de nos jours, plusieurs indices laissent finalement à penser à une date antérieure, fin des années 90, début des années 2000 (d'après les échanges concernant Isadora Duncan).
Ensuite le lieu, là encore peu d'indice sur cette contrée glacée. le nom de l'hôtel est Borgarfjaroasýsla ce qui ressemble à quelques lettres près à un nom de ville en Islande. Ce qui est impossible car il n'existe pas de transport ferroviaire en Islande. Peut-être dans le Danemark inuit, comme pourrait le laisser supposer le terme angakok utilisé pour Frère Emmanuel ou encore en Finlande d'après le terme haamutie utilisé pour route fantôme.
Peter Cameron s'amuse donc à brouiller les pistes, laissant son lecteur dans une brume permanente, de jour comme de nuit avec ses personnages étranges aux comportements irrationnels, toujours nommés « l'homme », « la femme » et « l'enfant ».
L'homme et la femme vont tous les deux suivre des trajectoires différentes, se déchirer. Quelle est la part de rêve et de réalité ? Sur cette terre de contrastes, où est la frontière entre le jour et la nuit, l'espoir et la détresse, le chaud et le froid ? le lecteur ne sait plus, est perdu, cela a-t-il une importance ? cela non plus le lecteur ne le sait plus …
Une impression étrange en refermant ce livre, de léger malaise, il faudrait tout relire pour mieux cerner les chausse-trappes, capter les indices. Aux amateurs d'Inception et Twin Peaks, je dirais que ce livre est pour vous. Venez faire un commentaire sur cette chronique quand vous aurez trouvé la clé !
NB : voilà plus d'un an que j'ai lu ce livre. Je complète mon billet en disant qu'il me reste en tête de façon très marquante l'atmosphère de ce livre enneigée, oppressante et onirique, comme un songe entre rêve et cauchemar…
Commenter  J’apprécie          5513
Un couple américain arrive par le train dans un pays européen étrange, qui semble relever à la fois du grand Nord comme la Finlande mais aussi être dans un état de délabrement propre aux pays de l'ex-Bloc soviétique. En plein hiver, dans un pays complètement enneigé, ils parviennent à leur destination après un long périple d'abord en avion, puis en train, et débarquent en plein champ, avant de rejoindre leur hôtel monumental mais plutôt désuet et pas du tout aux normes occidentales. Que viennent-ils faire dans ce curieux pays ? Dès leur arrivée, ils rencontrent en tout cas toute une série de personnages excentriques, comme la chanteuse et ex-artiste de cirque Livia Pinheiro-Rima. ● Peter Cameron est un auteur que j'adore et que je suis depuis ses débuts en 1990 (première publication de Leap Year en volume). Il a le chic pour instiller un climat d'étrangeté tout en restant dans les limites du réalisme. ● On se demande où on est, quelles sont les motivations des personnages, comment va évoluer cette histoire qui commence sous les plus bizarres auspices. Et on n'est pas déçu ! ● L'univers très singulier de Peter Cameron marque le lecteur et après la lecture reste dans son esprit comme un spectre vacillant, l'entraînant à se poser des questions dont toutes les réponses ne figurent pas dans le livre. ● Et d'un autre côté le roman se lit avec beaucoup de facilité, les pages se tournent et on a toujours envie de connaître la suite. L'étrangeté n'exclut nullement le suspense, bien au contraire. ● Je suis très admiratif de ce que cet auteur parvient à faire à chacun de ses livres (c'est ici le septième roman, et il a aussi publié trois recueils de nouvelles). ● Je recommande vivement ! Si on ne le connaît pas, on peut aussi commencer par Andorra ou par Coral Glynn.
Commenter  J’apprécie          562
Muni d'un style d'écriture très élégant, l'auteur, Peter Cameron emmène ses lecteurs pour un voyage troublant à la fois dans le temps et dans l'espace. D'abord, à travers l'espace, car l'intrigue se déroule dans une petite ville perdue, enneigée, loin de tout, sans qu'elle ne soit clairement identifiée ou localisable. Ensuite, le temps. Même si elle se passe sur une petite semaine, les jours se confondent avec les nuits. L'espace de temporalité est aussi flou. Cela se passe-t-il de nos jours ? Ou bien dans le passé? Si oui, quand? Difficile d'être sûr.

« Ce qui arrive la nuit » est donc un roman très perturbant, à bien des égards. Les deux personnages principaux ne sont identifiés que par les mots « homme » et « femme ». Ce couple d'Américains, venant de New York se retrouve bien loin de chez eux pour adapter un bébé. Les éléments de contexte ou leurs historiques ne sont que très brièvement abordés, laissant le lecteur les construire comme il les imaginerait lui-même.

Ensuite, l'essentiel de l'histoire se déroule dans un hôtel au nom imprononçable : le Borgarfjaroasysla Grand Imperial Hotel. Ce lieu énigmatique avec son bar ouvert 24h/24 regorge de protagonistes, tout autant déroutants et mystérieux. L'auteur a mis l'accent sur cet endroit où y règne une ambiance singulière et oppressante. Selon moi, cet aspect revêt une place considérable dans le roman et en fait un personnage à lui seul.

Cette ambiance feutrée risque de vous envoûter, tout comme je l'ai été. Hypnotique à bien des égards, j'ai plus eu l'impression de « vivre » ce livre que de le lire. La toute fin m'a quelque peu décontenancée et je pense qu'elle me hantera encore un petit temps…
Lien : https://www.musemaniasbooks...
Commenter  J’apprécie          504


critiques presse (3)
LeMonde
25 juillet 2022
Un couple américain vient adopter un enfant dans une ville d’Europe étrange à tous points de vue. Grinçant roman de l’écrivain américain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
20 janvier 2022
Dans ce septième roman, l’Américain déploie une prose moelleuse et envoûtante.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
RevueTransfuge
18 janvier 2022
Avec sa prose étincelante et ses intuitions métaphysiques, Peter Cameron mêle magistralement le roman à la fable dans Ce qui arrive la nuit.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L'homme descendit sur le quai, piétinant la perfection de la couche de neige. Il se fit l'effet d'un barbare. Mais une fois ce sacrilège perpétré, il comprit qu'il devait continuer, car on s'afflige davantage de voir une fine craquelure sur une belle porcelaine que cette même porcelaine par terre en miettes. Il décrivit donc en courant des cercles de plus en plus grands, soulevant la neige à grandes enjambées brouillonnes, et arriva assez près du bâtiment qui bordait le quai pour voir, tel un souvenir de peinture fanée, le nom de la ville qui était leur destination. Il se sentit soudain ridicule et cessa ses cavalcades. A la faveur de l'immobilité qui s'ensuivit, il perçut une sorte d'ébranlement monstrueux dans l'obscurité derrière lui. Le train. Il se retourna et le vit avancer lentement, si lentement que l'espace d'un instant il pensa que ce devait être l'obscurité qui se déplaçait à l'arrière-plan, mais il comprit que c'était le train car il voyait sa femme, penchée en avant, regarder par la portière restée ouverte, son visage blanc empreint d'une stupeur muette et, pendant une seconde, il eut une impression de mort, comme lorsqu'on doit laisser l'être aimé quitter ce monde, s'éloigner en silence, les traits défaits, et sombrer dans les ténèbres enneigées. (p. 16-17)
Commenter  J’apprécie          160
Il scruta son reflet dans le miroir mural derrière les régiments de bouteilles alignées sur les rayons, au-delà du comptoir, qui le fixait en retour avec une intensité qu'il jugea plus forte que la sienne, si bien que, pendant une seconde, il perdit sa propre perception physique et se demanda de quel côté du miroir il se trouvait réellement. Pour s'efforcer de réintégrer son enveloppe corporelle, il tapota du bout des doigts le cuivre du comptoir et le contact du métal frais sous ses phalanges remit subitement le monde dans le bon sens, mais le barman, interprétant ce geste comme un appel, déploya son corps affalé contre le mur, s'approcha et posa une serviette en papier devant l'homme à l'endroit précis que ses doigts avaient touché, comme s'il mettait un pansement sur une plaie. (p.33)
Commenter  J’apprécie          212
Je veux dire ses mots, ses pensées, ses idées. Si on ne les exprime pas, à quoi servent-ils ? Ils meurent avec nous. Alors que quand on exprime quelque chose, c'est mis au monde. Qui sait ce qu'il advient des sons? On pense qu'ils disparaissent, mais il est tout aussi vraisemblable qu'ils continuent à vibrer et naviguent dans l'univers, et peut-être quelqu'un ou quelque chose perecevra-t-il cette vibration dans cent millions d'années et peut-être qu'il ou elle entendra exactement ce que je suis en train de vous dire en ce moment. (P.313)
Commenter  J’apprécie          210
Oh, je voudrais des tas de choses.
[...]
Eh bien, j'aimerais une pêche mûre à point, une orchidée, un peu d'encens au sapin baumier et un petit chat. Je crois que je pourrais être vraiment heureuse si j'avais tout ça. Avec moi dans la baignoire. Enfin, peut-être pas le petit chat.

Donc tu m'envoies faire une chasse au trésor. Est-ce qu'il faut aussi que je te rapporte une poule aux œufs d'or ?
Ça me ferait très plaisir, dit-elle. Tu imagines comme ce serait bien ? Des œufs en or. Tout chauds. Je ne les vendrais pas. Non, je les mettrais à l'intérieur de moi, en moi, là où c'est vide en ce moment. (P.177)
Commenter  J’apprécie          160
J'aimerais qu'on me sorte de moi-même. Et qu'on me range quelque part dans un tiroir. Un tiroir qu'on ouvre dans un rêve où on fait précipitamment ses bagages à la fin du monde.
Ah, ce rêve-là ! s'exclama la femme. Ce tiroir-là ! Eh bien, je ne peux que vous sortir de vous-même. À vous de voir où vous allez ensuite.
Pour le moment, je vais aller me coucher, dit l'homme. (p. 45)
Commenter  J’apprécie          260

Video de Peter Cameron (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peter Cameron
The City of Your Final Destination (2009) - Trailer
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (131) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage en Italie

Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?

Pavie
Padoue
Parme
Piacenza

14 questions
600 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , voyages , voyage en italieCréer un quiz sur ce livre

{* *}