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Citation de Sachenka


Les bruits de l'autocar, du moteur, semblaient désormais de plus en plus comme les accents et l'expression même de cette colère. Ne manquaient plus que les paroles - sinon tout était réuni pour composer une tirade rageuse. Le chauffeur faisait hurler le moteur de son car, le faisait mugir, vrombir, crisser, rugir, cracher, grincer des dents, glapir, chanter faux, s'élever menaçant, comminatoire (oui), et tout cela en rythme, gardant bien cette cadence accordée au tremblement de la colère en lui et qui avait quelque chose d'un prélude instrumental, comparable vraiment, désormais, à ces premiers sons sur la grosse corde, corde unique, de crin tressé, de la gusla des Balkans, vacarme et désordre apparent où toutefois, si l'on tendait mieux l'oreille, les sons ne se confondaient jamais, se distinguaient isolément et cependant succédaient l'un à l'autre en une rythmique justement. C'est une colère sauvage mais contenu, oui, joueuse, qui s'échappait du moteur et de l'autocar tout entier, lesquels servaient d'instruments au conducteur pour son ouverture, et la lumière changeante des phares, rythmique elle aussi, code, pleins phares, inutile sur la Magistrale constamment vide, faisait partie de ce jeu. Dans un instant s'y joindraient les paroles, la voix, qui ne serait pas nécessairement une voix chantée.
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