Après les oranges, les fraises. Et dès le deuxième jour des fraises, j'investis dans une boîte de gants jetables, parce que mes mains me démangent. Les barquettes débordent d'un jus moisi qui coule dans nos manches dès qu'on les manipule. Dans la mousse verdâtre, il faut repêcher les rares fraises qui ressemblent encore à quelque chose, les égoutter, et reconstituer des barquettes propres. Ça prend une éternité. Il y a tellement de déchets que nous n'arrivons à sauver qu'un ou deux étages par palette.
Au bout de quinze jours, je suis devenu un faussaire expert en fruits et légumes. Nous trions les tomates, qui baignent également dans leur jus, et fabriquons des cagettes qui ont l'air fraîches. L'odeur est à peine supportable.