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Citation de dourvach


Toute sa vie, on lui avait glissé à l'oreille que son frère Frank était plus brillant que lui.
Et à l'évidence, pensait-il, c'était vrai. « Il suffit de voir où en est Frank . Et où moi j'en suis. »
Mais Bruce avait beau s'y efforcer, il ne parvenait pas à se sentir découragé. « J'aime ça, se disait-il. J'en tire un grand plaisir... Ça me plait vraiment. Il y a là une certaine satisfaction, une forme d'ordre, une unité. » Qu'une figure de sa vie passée parvienne à le ramener ainsi en arrière lui donnait le sentiment que toutes ces années n'avaient pas servi à rien, en fin de compte. A l'époque, il avait bel et bien été dans l'incapacité de s'aider lui-même. Il se contentait d'imiter les autres. Il jouait aux billes après l'école ; lui aussi. Le samedi, ils faisaient la queue pour le film réservé aux enfants au Palais du cinéma Louxor ; lui aussi, même si le film était minable. Ces années répétitives, vaines, avaient été si ennuyeuses que, maintes fois, il avait senti le désespoir s'emparer de lui. Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Qu'est-ce qu'il en avait tiré ? Rien, apparemment.

[Philip K. DICK, "In Milton Lumky Territory" / "Aux pays de Milton Lumky" / "Sur le territoire de Milton Lumky", années d'écriture du roman : 1958 et 1959, publication posthume, The Estate of Philip K. Dick, 1985 — traduit de l'américain par Isabelle Delord-Philippe pour les éditions Christian Bourgois, coll. 10/18 (Paris), 1992, traduction revue par Sébastien Guillot pour les éditions J'ai Lu (Paris), 2012 — Chapitre 4, pages 72-73]
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