À l?occasion de la parution du "Petit roi du monde", Philippe Amar nous dévoile l?intrigue du roman.
Elle adorait son humour caustique. Elle avait le même. Celui des enfants blessés qui ont appris à dédramatiser en s'évertuant à rire de tout.
« Ils marchaient la tête basse, mimant inconsciemment ces êtres déshumanisés déportés plus de soixante-quinze ans plus tôt. Nous marchions la tête basse nous aussi. Était-ce par respect ? Comme si nous foulions le sol d’une église ? Était-ce parc que la honte de ce que l’humanité avait été capable de fomenter nous collait à la peau ? Ou parce que nous sentions que les fantômes de ces gens étaient partout autour de nous. Qu’ils nous jugeaient, nous accusant de les avoir laissés mourir. »
visite d'Auschwitz
Je devenais à cause de ce test imbécile porteuse de la mémoire d'une rescapée. Porteuse de l'horreur de l'horreur de cette période damnée. Porteuse de traumatismes que ma mère avait réussi à ne pas me transmettre.
"Réfléchir", ce verbe est probablement le plus employé dans les ruptures. En donnant un faux espoir à celui qui reste, il fait office de casque bleu entre un mari et une femme qui, sans cela, se déchireraient.
C'était le sentiment légitime d'une enfant, incapable de comprendre pourquoi les juifs avaient cédé aussi facilement à toutes les interdictions et obligations auxquelles on les soumettait.
C'est dans l'ADN d'une femme que d'être amoureuse de l'Amour.
En manque de chocolat, on se souvient de son goût, et on salive. En manque d'amour, on salive et l'on s'imagine déjà héroïne de la plus belle des comédies sentimentales. Mais il est beaucoup plus compliqué de trouver l'Amour, qu'une tablette de chocolat.
"L'amour, c'est un sentiment à temps plein, ce n'est pas fait pour les paresseux."
Maman, en d’autres temps je t’aurais demandé si j’étais une enfant adoptée. Aujourd’hui, je ne tiens plus à le savoir. Je t’aime comme tu es. Je serai tellement en colère le jour où tu t’absenteras définitivement. Je maudis ce jour où je ne pourrai plus prononcer le mot « maman ». Tu partiras peut-être sans savoir qui je suis, mais je te promets que je serai avec toi jusqu’au bout de ton chemin. Avant de partir vers un autre monde, tu sentiras la chaleur de ma main dans la tienne. Mon pouce sous tes doigts. Mon souffle qui t’embrasse. Tu sentiras mon âme qui caresse la tienne, maman. Tu sentiras que je ne suis pas complètement une étrangère. Je veux que tu partes dans la mort, comme tu m’as donné la vie. Paisible et heureuse.
Et comme je relisais les conclusions du test, le néant s'empara de mon cerveau : je ne me reconnaissais plus. Un peu comme si j'avais vécu cinquante ans dans le corps d'une autre.
- C’est un site pour adultes, pas pour des enfants qui cherchent une mère ! insista David, convaincu que cette initiative était totalement irréaliste et vouée à l’échec. Et puis, ça se peut pas de choisir sa mère ! On ne l’a pas choisie, nous ! S’exclama-y-il en son nom et en celui de José.
- Vous, non, c’est normal ! Rétorque Victor. Vous n’étiez même pas nés que votre mère, c’était déjà votre mère !