Clip du livre " L'ART DE RIEN. Sur le fil de ma vie "
A l'adolescence, alors que je vivais encore en maison de redressement, un psychiatre m'a dit un jour : "Tu t'es construit un mur dans la tête et j'aimerais savoir ce qu'il y a derrière".
Je me souviens avoir pensé : "C'est vrai, mais là tu vois, tu n'y entreras jamais, c'est perso".
Il n'y est jamais parvenu. Cette liberté préservée a été à la fois ma manière de me protéger et de résister.
Je n'ai jamais eu honte de mon histoire. Elle a toujours été une fierté, mais j'ai eu peu d'occasions de la partager comme une fierté.
J'ai été surpris quand on m'a dit que quelque chose m'avait manqué. À l'époque, je faisais avec, ou plutôt "sans". Rien d'autre n'existait en dehors de mon expérience immédiate. Je glissais sur le fil de ma vie du mieux possible. Je vivais l'instant, et ça m'allait bien.
J'ai écrit mon histoire uniquement dans le but d'arriver à formuler cette partie d'analyse, afin d'en donner les clés de lecture. L'examen de mon passé est destiné à partager mes réflexions avec d'autres. Je n'aurais pas écrit mon histoire simplement comme un récit.
Cette camaraderie et cette part d'enfance préservée ont fait que j'ai finalement avancé d'une manière globalement positive durant mes quatre années dans ce centre que je considérais même être un "chez moi
La créativité, c'est ce qui nous rend humain ou plutôt fait émerger notre humanité et nous permet de l'exprimer.
Une certitude m'habitait : je ne pouvais compter que sur moi-même pour affronter la vie.
Marc fut le seul qui m'ait vraiment inspiré et qui ait été une référence pour moi.