Alors que paraît en janvier 1896 chez Heugel un volume rassemblant 20 mélodies de Hahn et que Les Plaisirs et les Jours de Proust s’acheminent vers leur publication, les rapports entre les deux amants se détériorent, pour des raisons multiples dont certaines sont facilement perceptibles : ils sont encore à l’âge où l’attrait d’expériences nouvelles est intense et Lucien Daudet s’y prête ; Reynaldo Hahn a un besoin vital d’indépendance alors que pour Marcel Proust la jalousie est consubstantielle à l’amour, ce qui ne l’empêche pas d’éprouver lui-même des désirs d’infidélité. Au moment où il devient personnage de roman, le « dieu déguisé » du Jean Santeuil toujours en chantier, Reynaldo-Henri semble perdre en attrait sensuel chez son ami, tout en continuant à susciter chez lui l’appréhension d’une possible rivalité avec un autre garçon.