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Citation de okka


okka
03 décembre 2016
p.92-3.
« Peut-être nous avons tort de nous préparer au pire. Peut-être… Mais ce que nous, anonymes, démunis, avons entrepris depuis des années – et qu’aucun gouvernement n’a jamais eu l’idée de réaliser -, ce n’est pas seulement de protéger le patrimoine le plus précieux de l’humanité, c’est aussi, et peut-être surtout, de donner un dessein et une raison d’exister à des centaines de braves gens broyés par un monde indifférent. Ceux qui viennent à nous, monsieur Banes, ceux qui, d’une manière ou d’une autre, trouvent notre refuge, nous les traitons bien. Mieux que le système ne l’a jamais fait. Avec moins de moyens sûrement, mais avec beaucoup plus d’humanité. Nous ne laissons personne de côté. Ni les vieux, ni les faibles, ni les pauvres d’esprit. Les indigents, nous les nourrissons et les habillons. Les abandonnés, nous les prenons sous notre aile. Les ignorants, nous les instruisons et leur donnons des livres. Il y a des cours chaque jour sur tous les sujets, ici. On apprend à penser, à raisonner, à composer de la vraie musique selon les règles classiques, à peindre et à dessiner selon les canons académiques. Cela élève l’esprit des gens. Des étudiants qui ne bénéficient plus de bourse viennent chez nous achever leurs études. Des professeurs mis à la porte parce que des villes n’ont plus les moyens de payer leur salaire poursuivent leur mission d’enseignement avec nous. Même chose pour des infirmiers au chômage ou des artisans dont les banques ont saisi la maison. La société normale ne veut pas de nous ? Tant pis pour elle ! Nous lui laissons ses règles qui ne nous conviennent pas et nous en inventons d’autres. Secessio plebis… Vous qui êtes lettré, vous devez savoir ce que cela signifie ?
- La sécession de la plebe, traduisit Banes, particulièrement féru d’histoire antique. C’est un terme qui renvoie aux rivalités entre patriciens et plébéiens au début de la République romaine, si je ne m’abuse. La masse, opprimée par l’oligarchie, choisit de se retirer de la ville plutôt que de recourir à la violence. Laissés seuls face à eux-mêmes, sans personne pour s’occuper des champs, fabriquer les objets du quotidien ou simplement les débarrasser des tâches domestiques, les patriciens furent contraints d’octroyer des droits à ceux qu’ils voulaient asservir. C’était très bien joué de la part du petit peuple romain, qui a mené là une révolte douce, d’autant plus efficace qu’elle s’est exprimée sans violence. Des précurseurs de la désobéissance civile à la Gandhi, en somme…
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