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Citation de LaBiblidOnee


La plage du chagrin

On va chercher la tempe. On va glisser le dos du doigt contre la joue, tout doucement. Assis face à face à une terrasse de café. Il faut quelque chose qui sépare, un éloignement suffisant pour que le mouvement du bras soit lent, ferme, cérémonieux. Il faut bien se connaître, évidemment. Il faut que le silence soit installé depuis un bon moment, que les conversations, les enjouements tout autour soient devenus presque insultants. On est dans la tristesse de l'autre, on ne peut la partager vraiment avec des mots.
Subira-t-on une esquive, un refus, un détournement du visage ? On sait bien que non, qu'on peut oser. Il y a une géographie précise à respecter. De la tempe à la joue, en arrêtant le doigt bien avant la commissure des lèvres. Oui, c'est là que ça se passe. Un partage qui se veut consolant mais ne se fait pas d'illusion. Le dos du doigt trace une sorte de cicatrice douce, qui reconnaît le chagrin, le mal de vivre. C'est une blessure de l'envers, on n'a pas l'impudence de vouloir panser la plaie, on accompagne. Je sens je crois ce que tu sens, et je suis assez loin pour me vouloir tout près. Je fais passer l'envers de mon index sur cette plage presque abstraite, où je ne toucherai ni ta bouche ni tes cheveux. Et je souris à peine, et d'un air navré, et tu hoches la tête imperceptiblement : Oui, c'est si dur, rien n'y changera rien, effleure-moi quand même, tu ne peux davantage, merci de le savoir.
C'est tellement mieux que parler, ce n'est plus tout à fait se taire.
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