Philippe Englebert

Les startups ont besoin très rapidement de financements externes. D’un côté, la création de leur produit et, ensuite, leur croissance rapide nécessitent des moyens importants. D’un autre côté, elles n’ont pas, au moins au début, les revenus qui permettent de les couvrir, le produit n’étant pas encore prêt à être vendu ou la startup commençant seulement à gagner ses premiers clients. Ce déficit initial de fonds est souvent illustré par une courbe en J, concept popularisé par le serial entrepreneur américain Howard Love. Elle représente l’évolution des revenus de la startup dans le temps. Les premiers temps, correspondant généralement aux premières années, les revenus sont « négatifs », le temps de créer son produit, le sortir sur le marché et l’adapter au retour des clients. On appelle cette période la « vallée de la mort », moment où culmine le taux de mortalité des startups, car c’est le vrai test de traction ou non du produit sur le marché. Une fois le succès rencontré, les revenus repassent en terrain positif puis explosent de manière exponentielle. La startup a néanmoins toujours besoin de financements pour assurer cette croissance qui repose sur l’industrialisation du produit et l’internationalisation.

Les startups sont de plus en plus présentes dans notre quotidien : lorsque nous prenons un rendez-vous chez le médecin avec Doctolib, faisons du covoiturage avec BlaBlaCar, achetons des produits de bricolage sur ManoMano ou un smartphone reconditionné sur Back Market, sans oublier que Google et Facebook ont été un jour, pas si lointain, des startups. De même, depuis plusieurs années, les startups avec leurs annonces de levées de fonds en dizaine de millions d’euros font l’objet quotidiennement de nombreux articles dans la presse, au moins économique, valorisant les innovations prometteuses qu’elles développent.
Indépendamment des services ou produits qu’elles proposent, les startups font rêver les jeunes diplômés : près d’un tiers d’entre eux souhaiterait y travailler. Au-delà de les faire rêver, elles en recrutent toujours plus chaque année. Si des statistiques précises sont toujours compliquées à obtenir pour cette catégorie d’entreprises très particulière, il y aurait entre 10 000 et 20 000 startups en France qui emploieraient plusieurs centaines de milliers de salariés, et leur poids dans les créations d’emplois serait toujours plus important. En majorité présentes dans le secteur du numérique, elles ont pour la plupart été renforcées par la crise de la Covid-19 qui a donné un grand coup d’accélérateur à la numérisation des entreprises et de la société.