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Citation de ChatDuCheshire


Je décris à mon frère les moments qui suivirent l'attentat : "Les gens/ avaient plus/ peur que moi. Je/ le voyais dans/ leur yeux. Et ma/ défiguration !". Puis : "Pas senti/ la balle. Ai fait le mort./ Le type passait/ criant Allah Akbar !" Au moment où j'écris ces mots, Allah Akbar, je sens un froid lourd et une nausée descendre et monter de partout. Je me dissous dedans. Allah Akbar s'étend sur moi comme tout à l'heure le champ Van Gogh et c'est à cet instant que je sens à quel point l'expression est devenue la réplique d'un personnage de Tarantino : cette prière religieuse que j'ai si souvent entendue dans les pays arabes, en Inde, en Indonésie, cette prière qui me berçait en me réveillant avant l'aube quand je dormais près d'une mosquée, cette prière pacifique qui élargissait le ciel en annonçant le jour, cette prière n'est plus qu'un cri de mort aussi ridicule que sinistre, un gimmick stupide prononcé par des morts-vivants, un cri que je ne pourrai plus entendre sans avoir envie de vomir de dégoût, de sarcasme et d'ennui. Puis : "Pas bougé/ D'un poil./ Pensai à Gabriela/ et aux parents/ Etrangement calme." Le cahier finit sur un constat : "Ca s'achevait/ J'allais partir !", et cette observation: "Je voyais/ la cervelle/ du pauvre Bernard Maris/ sous mon nez." Je pleure pour la première fois au moment où j'écris ces mots dans le cahier (...)
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