Pour les Anciens, la quintessence était l’élément primordial d’où le feu, l’air, l’eau et la terre ont émané. Parfois représentée par une pyramide dans les textes hermétiques, elle est souvent assimilée au feu divin. Pour nous, ce sera notre Pierre, aboutissement de notre quête spirituelle autant que physique.
Procéder par analogies, c’est associer plusieurs représentations et les lier entre elles non par un lien de causalité, mais de ressemblance, ou plutôt de résonance. Quand l’on fait vibrer la corde d’une harpe, un autre instrument de même genre, placé à quelque distance, fera vibrer la même de ses cordes à l’exclusion des autres, comme si un lien subtil les unissait au-delà de l’espace qui les sépare. Raisonner par analogie, c’est ainsi faire vibrer plusieurs niveaux de réalité en usant pour cela d’un lien subtil qui échappe autant à nos sens qu’à notre compréhension mentale et discursive. Et c’est parce que c’est ainsi que fonctionne notre cerveau, notamment quand notre hémisphère gauche communique sans entraves avec sa contrepartie droite.
Transmutation de la matière, sans doute (et tant pis si quelques mythes peuvent aussi nous égarer en chemin), mais aussi et surtout de l’Être lui-même. Car oui, notre âme n’est pas plus séparée de la matière que la peau du tambour n’est séparée du son qu’elle produit. Amis les pierres, les arbres et les ruisseaux, donnez-nous un peu de votre sagesse, nous qui en manquons tant, et montrez-nous le chemin vers la réintégration du Tout !
Le terrain vous apprend donc l’humain, vous familiarise avec cette pâte, cette matière instable et magnifique avec laquelle vous avez à composer pour rendre l’existence collective et individuelle plus douce. Ce faisant vous apprenez aussi l’humilité et la tolérance.
Car il faut une certaine dose de bonne volonté pour chercher la lumière de la Pierre dans le dédale desséchant de notre société qui, non seulement ne perçoit plus que la matière, mais lui dénie de surcroît toute dimension suprasensible.
Nous verrons au contraire que si d’illustres savants, certains tout à fait contemporains, se sont passionnés pour l’alchimie, c’est qu’ils y avaient trouvé non seulement matière à réflexion mais aussi matière à… transformation.