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Citation de Partemps


Ce qui compte est de retrouver un infini tout proche, pour lequel, affirme celui qui était moins fou que la plupart, " on s’embarque comme dans un train dans une étoile ". Regarde : ici, dans le monde enfin réel, la lumière d’un bougeoir sonne . Un édredon est d’un " rouge de moule, d’oursin, de crevettes, de rouget du Midi, de piment roussi ". Tu lis ces mots, tu vois mieux les nuances, la salive te monte à la bouche. Pourtant, le jour, ce matin, est gris couleur d’huître et de lame de couteau tranquille. Tu aimes l’expression " au ras des pâquerettes ", regarde, l’herbe en est toute fleurie, mange-la des yeux, respire. Nous sommes de pauvres enfants, tu me pardonnes d’exister, moi aussi. Pardon. Mais tu es aussi une déesse, et je suis un dieu (tempête dans la salle, le lecteur furieux piétine le livre, tandis que la lectrice, tout en disant haut et fort qu’elle le trouve grotesque, le cache dans un tiroir).
Comment ne pas devenir fou sans se résigner à la folie ambiante ? C’est le problème.

On procède par illuminations successives. Roman ? Mais oui, le mot convient, c’est une expérience, mais c’est aussi un roman. La preuve. Quant à "illuminations", on peut se demander pourquoi ce titre occupe la place du diamant ignoré au beau milieu de la prose mondiale. Les Illuminés de Bavière sont pourtant venus vers nous autrefois sous la forme d’un musicien magique de petite taille [8]. On fait semblant de lire, d’écouter, personne ne se rend compte de rien ? Aucune importance, c’est aussi simple qu’une phrase colorée. Notre opération est modeste : trier, séparer, tresser, réparer les torts, souligner l’essentiel, libérer les morts, expliquer comment ils se sont fait coincer dans les époques fâcheuses et faucheuses. Ils n’ont pas pu sauter par-dessus leur temps, alors qu’aujourd’hui, surprise, le temps saute par-dessus lui-même. Les tranches du passé, ses ornières, ses tunnels, ses charniers, son labyrinthe plombé ne sont pas derrière nous, mais sous nous. " Nous sommes l’affection et le présent, puisque nous avons fait la maison ouverte à l’hiver écumeux et à la rumeur de l’été, nous qui sommes le charme des lieux fuyants et le délice surhumain des stations. Nous sommes l’affection et l’avenir que, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux d’extases. Nous sommes l’amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue, et l’éternité : machine aimée des qualités fatales [9]", etc.
Simplement, la musique est devenue plus intense. Elle était là, mais voilée, assourdie. Maintenant elle jaillit jour et nuit, à travers chaque note éparse. Tu es une note, j’en suis une autre, notons, avançons.
Avertis par le destin, choisis par le destin. Ce n’est même pas "nous" : l’univers chante, puisqu’il est vibration. C’est une batterie de vingt-quatre heures, un aigle blanc et noir, sagesse, force, beauté, sel, soufre, mercure. Le plomb en or, l’oeuvre en blanc. La partition s’écrit toute seule, joie, peur, côté terrifiant, côté jubilant. Milliers d’Asparas, sphères. La nature aime le vide, les cons, lavés du cerveau, en ont horreur.-
- Tu prends le soleil ?
- Je le prends . Drôle d’expression.
- On dit bien prendre son temps ? Son pied ? La fuite ? En grippe ? Au sérieux ? A la légère ? Froid ? Ses distances ? Du champ ? Le large ? Goût ? En charge ? Sur soi ? Un verre ? Des vessies pour des lanternes ? Ses jambes à son coup ?
- Prendre, apprendre, comprendre, surprendre.
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