AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.38/5 (sur 1135 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Talence , le 28/11/1936
Mort(e) à : Paris , le 05/05/2023
Biographie :

Philippe Sollers, de son vrai nom Philippe Joyaux, est un écrivain français.

En 1957, il publie "Le Défi", son premier texte, dans la revue Écrire dirigée par Jean Cayrol aux Éditions du Seuil. En 1958, il devient célèbre en publiant son premier roman, "Une curieuse solitude".

Il est un des fondateurs, en 1960, de la revue "Tel Quel" aux Éditions du Seuil et en devient rapidement le principal animateur.
En 1967, il épouse Julia Kristeva (1941), psychanalyste, écrivain, et sémiologue, d’origine bulgare. Le couple a un fils, né en 1975.

Philippe Sollers fut entre autres un ami de Jacques Lacan, de Louis Althusser et de Roland Barthes, qui sont décrits dans le roman "Femmes" (1983).

Après avoir publié "L'Intermédiaire" (1963), "Le Parc" (pour lequel il reçoit le Prix Médicis 1961), "Drame" (1965), il se lance dans des travaux stylistiques qui l'amènent à abandonner toute ponctuation visible pour libérer son expression, ce qui donne notamment "Nombres" (1966), "Lois" (1972), "H" (1973) et "Paradis" (1981). Il se lance ensuite dans une écriture plus "figurative".

Son écriture est de plus en plus marquée par une utilisation du cut-up et de la réflexion intérieure. Suivent d'autres ouvrages dans le même esprit : "Portrait du joueur" (retour aux sources en Gironde et passion épistolaire, 1984), "Le cœur absolu" (récit de libertinages, 1987), "Les folies françaises" (inceste heureux et culture française, 1988), "Une vie divine" (Nietzsche, la philosophie et les femmes, 2005).

Sollers est également l’auteur d'essais d'histoire de l’art et a écrit plusieurs monographies sur des artistes. En 2006, il obtient le prix Prince-Pierre-de-Monaco dans la catégorie littérature.

Reposant essentiellement sur des éléments autobiographiques ou "autofictifs", son œuvre romanesque témoigne d'un rejet des structures narratives traditionnelles.
+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Philippe Sollers   (117)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (72) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Dialogue autour de l'oeuvre de Philippe Sollers (1936-2023). Pour lire des extraits et se procurer l'essai SOLLERS EN SPIRALE : https://laggg2020.wordpress.com/sollers-en-spirale/ 00:04:45 Début

Podcasts (12) Voir tous


Citations et extraits (1534) Voir plus Ajouter une citation
Philippe Sollers
La maladie de l'adolescence est de ne pas savoir ce que l'on veut et de le vouloir cependant à tout prix.
Commenter  J’apprécie          743
Philippe Sollers
Qui prend encore le temps de lire ? Comment résister autrement à la mondialisation et aux idées dévotes et fanatiques ? Comment conserver notre force intérieure, tous les combats menés par Voltaire, les Lumières, tant d'autres, sans lire ? Pourquoi les français ont-ils si peur et se replient-ils sur eux-mêmes ? Ils n'entraînent plus le muscle de l'esprit. Ils ne lisent plus. Ils ne réfléchissent plus. J'ai des amis qui me disent : "Je vais en Chine, j'emporte ma tablette, je vais lire Voltaire dans l'avion." Mais dans l'avion, ils ont regardé le film et relu leurs mails. Étonnez-vous après qu'il y ait du fanatisme dans l'air. L'ignorance croissante, l'éradication de l'histoire à l'école, l'illettrisme galopant, la misère de la philosophie, il faudrait remédier à tout cela. On parle de service civique, de réapprendre à lire, il serait temps ! Pire, même les gens qui lisent un peu, qui ont lu ou qui savaient lire, oublient ce qu'ils ont lu. Et la plupart de ceux qui lisent encore ne lisent que des yeux, alors qu'il faudrait, vous savez, lire chaque matin un extrait des correspondances de Voltaire, un crayon à la main !
Commenter  J’apprécie          392
Philippe Sollers
Le vrai personnage du couple, c'est le temps.
Commenter  J’apprécie          343
«Je dis passion fixe, puisque j'ai eu beau changer, bouger, me contredire, avancer, reculer, progresser, évoluer, déraper, régresser, grossir, maigrir, vieillir, rajeunir, m'arrêter, repartir, je n'ai jamais suivi, en somme, que cette fixité passionnée. J'ai envie de dire que c'est elle qui me vit, me meurt, se sert de moi, me façonne, m'abandonne, me reprend, me roule. Je l'oublie, je me souviens d'elle, j'ai confiance en elle, elle se fraye un chemin à travers moi. Je suis moi quand elle est moi. Elle m'enveloppe, me quitte, me conseille, s'abstient, s'absente, me rejoint. Je suis un poisson dans son eau, un prénom dans son nom multiple. Elle m'a laissé naître, elle saura comment me faire mourir. »
Commenter  J’apprécie          290
Je cherche le dissemblable, l’inamical de fond, l’opposé sexuel, racial ou social. J’aime d’instinct les Gitans, les Juifs, les noirs, les chinois, les femmes les plus étrangères, les différences d’âges, de rites, de signaux. J’aime que l’on ne soit pas moi, j’aime admirer et apprendre. Rien de plus répréhensible, plus tard, que ce goût pour l’étude et l’admiration.
Commenter  J’apprécie          290
Philippe Sollers
L'homme ne sait au fond ce qu'il peut penser; la fiction est là pour le lui apprendre.
Commenter  J’apprécie          300
Les Jeux spectaculaires olympique (énorme dépense d'argent) ont lieu tous les quatre ans. En 1936, à Berlin, Hitler fait brûler des livres, notamment Jules César, pièce séditieuse de Shakespeare. En 1940, pas de Jeux, en 1944 non plus. C'est seulement en 1948 que le grand cirque reprend à Londres. Il a dû se passer quelque chose de mondial entre-temps.
Commenter  J’apprécie          281
Tire-toi d'affaire comme tu pourras, m'a dit la nature en me poussant à la vie.

Réponse de Fragonard à un ami
Commenter  J’apprécie          260
le verbe est au-dessus de la pensée et la pensée doit y remonter
Commenter  J’apprécie          250
Parmi les plus grandes des choses qui sont parmi nous,
c’est l’être du rien qui tient le premier rang.
Léonard de Vinci

"I would prefer not to". I would prefer not to". "I would prefer not to".
La parole laconique du scribe retentit dans le silence. Elle est aussi simple qu’une phrase musicale.

Bartleby est le personnage éponyme d’une nouvelle d’Herman Melville, publiée en 1853 dans le Putnam’s Monthly Magazine. Blafard, venant de nulle part, Bartleby perturbe le quotidien paisible du narrateur, homme de loi dont les bureaux se situaient, au moment des faits, au n°... de Wall Street :

« Je vois encore cette silhouette lividement propre, pitoyablement respectable, incurablement abandonnée ! C’était Bartleby ! »

Etrange étranger


Quel est donc cet étranger aux allures fantomatiques faisant voler en mille et un éclats l’organisation ordinaire de cette petite étude juridique ?

Ici, les employés ─ Turkey (Dindon), à sa tâche seulement le matin ; Nippers (La grinche), efficace uniquement l’après-midi ; et Ginger (Nut) fournissant les deux autres en gâteaux et en pommes ─, sont de charmants spécimens d’onomastie. Leurs comportements sont si grossièrement cernables, repérables, que l’avoué semble avoir trouvé le rythme de croisière idéal, quant à la délégation et l’exécution des tâches.

Tout fonctionne bien... jusqu’à l’arrivée de ce nouveau scribe : Bartleby. C’est que, très vite, Bartleby « préfère ne pas » faire ce qu’on lui ordonne de faire. Acte de rébellion ? Contestation syndicale ? salariale ? Soulèvement anarchique ? Même pas... Bartleby n’est pas dans le bruit et la fureur, encore moins dans ces fatigantes gesticulations se revendiquant action.

Le nouveau scribe se contente simplement d’évoquer ce petit flot de mots : I WOULD PREFER NOT TO.
Mais la répétition de la formule, convoquant la parole jusqu’au silence, donne au scribe cette étrange apparence inhumaine, torpide. Au point que l’avoué finit par invoquer sa présence :

« Bartleby ! » Pas de réponse. « Bartleby ! » dis-je en élevant la voix. Pas de réponse. « Bartleby ! » tonnai-je. Tout comme un fantôme soumis aux lois de l’incantation magique, à la troisième sommation il parut à l’entrée de son ermitage.
La formule circule et tourne ─ Eppur si muove ! Tels des possédés, parlant tout à coup une autre langue, les employés finissent par attraper le mot.
Une soudaine et irrésistible écholalie résonne dans les bureaux de l’avoué. Lui-seul remarque cette espèce de contagion, comme un rhume verbal : « vous avez attrapé le mot, vous aussi ? ».
Mais pour les répétiteurs, la parole n’évoque rien, aussitôt prononcée, celle-ci se précipite dans l’inanité du vide ; pour finalement s’abîmer dans l’oubli.

Un curieux attachement
Comment dès lors expliquer l’attachement du narrateur pour ce pauvre hère livide, répétant en boucle qu’il « préfère ne pas » ? Comment un homme aussi raisonnable peut-il supporter cet incurable fou ? L’avoué, pense-t-il vraiment que Bartleby lui est prédestiné ?

Oui, Bartleby, pensai-je, reste-là derrière ton paravent, je ne te persécuterai plus ; tu es inoffensif, aussi peu bruyant que n’importe laquelle de ces vieilles chaises ; bref, je ne me sens jamais autant en paix que lorsque je te sais là. Je le vois, je l’éprouve enfin ; je pénètre la raison d’être prédestinée de ma vie. Je suis satisfait.
Voilà un excellent moyen de se donner bonne conscience... « Je pénètre la raison d’être prédestinée de ma vie. » Tiens, tiens. La raison d’être. Ne serait-ce pas le nerf de l’idéal ascétique ? L’avoué ne serait-il pas une figure de cet idéal donnant à la souffrance humaine un sens ; répondant à l’obsession du « pourquoi » ? :

Le non-sens de la douleur, et non elle-même est la malédiction qui a jusqu’à présent pesé sur l’humanité, ─ or, l’idéal ascétique lui donnait un sens ! C’était à présent le seul sens qu’on lui eût donné ; n’importe quel sens vaut mieux que pas de sens du tout ; l’idéal ascétique n’était à tous les points de vue que le « faute de mieux » par excellence, le seul qu’il y eût. Grâce à lui la souffrance était interprétée ; le vide immense semblait comblé [...] L’interprétation apportait sans doute une souffrance nouvelle, plus profonde, plus intime, plus empoisonnée, plus meurtrière : elle fit voir toute la souffrance dans la perspective de la faute [...] l’homme avait un sens, il n’était plus désormais la feuille chassée par le vent, le jouet de l’absurdité, du « non-sens », il pouvait vouloir désormais quelque choses, ─ qu’importait d’abord ce qu’il voulait, pourquoi, comment, plutôt telle chose qu’une autre : la volonté elle-même était du moins sauvée [...]
Or Bartleby est, à lui-seul, un néant de volonté [1], il est comme la rose : sans pourquoi.
Et si le paragraphe 28 de La généalogie de la morale de F. Nietzsche se clôt sur cet éclair de pensée : « l’homme préfère encore la volonté du néant que de ne point vouloir du tout... », cela signifie que le scribe, préférant ne pas, reste en dehors de l’humanité. Voilà qui rend la formule finale du récit, « Ah Bartleby ! Ah Humanity », parfaitement antithétique.

Décidément nous sommes hors du monde. Plus aucun son.
Parce que son dire sonne, Bartleby réveille chez le narrateur une profonde angoisse, nervure obscure, tension vibrante battant au cœur de l’histoire humaine : la possibilité, qu’au sein même de l’étant, de ce monde exclusif dans lequel l’avoué se répand et s’affaire journellement, la possibilité d’une autre présence qui ne soit rien d’étant.

En réalité, Bartleby, forme inhumaine et blême, est l’être du rien. Se tenir là, dans sa proximité, c’est être dans le rien. La parole « I would prefer not to » est un souffle opéradique attirant l’être, là, en suspens au-dessus de de l’étant, le renvoyant simultanément au monde tel qu’il est et qui n’est pas rien. [2]
Chacun des « I would prefer not to » [3] est un vif coup de marteau frappant de plein fouet les fondations du monde humain, trop humain de l’avoué. Fragilisés par la répétition des impacts, les repères vacillent, les appuis se délitent et s’effondrent. Ce monde — hier encore si sûr ! — part brusquement à la dérive, jusqu’à ébranler le narrateur dans son être.
Son comportement devient pour le moins irrationnel : il veut fuir loin de cet étrange étranger, capable de lui inspirer ce contradictoire sentiment (contradictoire, c’est-à-dire hors de tout entendement)d’attraction/répulsion.

Et parce qu’il fuit, ce n’est encore que faiblement que l’angoisse traverse son être-là :

En vain protestai-je que Bartlbey ne m’était rien, qu’il ne me concernait pas plus que n’importe qui...
Finalement, le narrateur est-t-il vraiment attentif à l’appel de Bartleby ? Comment savoir si l’avoué reconnaît en Bartleby ce grand mystère de l’humanité, cet être-du-rien ?

Le silence le déstabilise tant, qu’il persiste à le combler de propos vides et sans objet. Mais la langue ordinaire « utilisée » par l’avoué n’est plus du tout en mesure d’atteindre Bartleby.

Il faudrait pouvoir entendre la formule en prenant le silence pour ce qu’il est : une combinaison d’intervalles ouvrant un nouvel espace, appelant à lui les êtres littéralement traversés par le souffle de l’angoisse. Concentration aiguë happant ces êtres autour d’un point fixe, vertical, opalin ; constellation improvisée trouvant son astre, dont le mouvement attire autant qu’il repousse. Un pas derrière le paravent et le ciel, jusqu’ici inondés d’étoiles, se replie dans sa nuit où se disperse, aux quatre vents, la matière du possible.

De l’autre côté, reflétant le ciel dans la course de ses métamorphoses, l’océan du texte s’écrit de lui-même, comme revenu du néant.

C’est en effet en écrivant, que le narrateur-avoué se fait Témoin de l’événement Bartleby, l’être du rien, le secret même de l’étant. Ayant fait l’expérience d’être-là, il se libère de l’idéal ascétique faisant de la vie une faute, qu’il faut expurger. Afin de mieux comprendre, écoutons un autre Témoin de cet événement (c’est moi qui souligne) :

N’oublie pas, se dit avec ironie ce fantôme penché, calme, olympien, lisse, détaché [...] Tu respires, tu fermes les yeux, tu planes [...] Les minutes se tassent les unes sur les autres, la seule question devient la circulation du sang, rien de de voilé qui ne sera dévoilé, rien de caché qui ne sera révélé, la lumière finira bien par se lever au cœur du noir labyrinthe. Le roman se fait tout seul, et ton roman est universel si tu veux, ta vie ne ressemble à aucune autre dans le sentiment d’être-là, maintenant, à jamais, pour rien, en détail. Ils aimeraient tellement qu’on soit là pour. Qu’on pense en fonction et pour. Tu dois refuser, et refuse encore. Non, non et non. Ce que tu sais, tu es le seul à le savoir.
Philippe Sollers, Le Secret
Ce que tu sais, tu es le seul à le savoir...

Savoir émanant d’une insolite rumeur : « Je ne sais toutefois si je dois divulguer certaine petite rumeur qui vient à mes oreilles quelques mois après le décès du scribe. Sur quel fondement reposait-elle, je n’ai jamais pu le découvrir [...] » confie le narrateur.

Cette rumeur serait-elle la basse et vile rumeur, la Fama, celle « qui remplit les peuples de mille bruits où elle annonçait également ce qui était arrivé et ce qui ne l’était pas » ? Ou bien est-elle celle dont parle Marcel Detienne dans l’Ecriture d’Orphée ? :

A qui sait écouter, toute rumeur fait signe. C’est alors une voix ponctuelle, instantanée, comme un atome de rumeur constituée, de celle qui relayée de bouche en bouche et d’oreille en oreille, se métamorphose en récit formel déjà, chacun y ajoutant ou en retirant quelque chose, par une procédure inconsciente mais toujours en une création multiple.
Commenter  J’apprécie          190

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Philippe Sollers (1272)Voir plus

Quiz Voir plus

Molière ou William Shakespeare

Dom Juan ?

Molière
William Shakespeare

10 questions
34 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..