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Citation de Charybde2


Ces « conversations secrètes » nous ont permis d’esquisser une géopolitique mondiale du pouvoir des espions. Ainsi, aux États-Unis, l’élection de Donald Trump a profondément dégradé les relations entre la Maison Blanche et la communauté de l’espionnage, le nouveau Président remettant régulièrement en cause les analyses de ses propres services qui, de leur côté, n’hésitent plus à enquêter sur lui, et plus particulièrement sur ses liens avec la Russie. Les fuites émanant des services se sont multipliées dans la presse ces dernières années, sapant les initiatives les plus controversées de la Maison Blanche. Jadis prompts à soutenir, voire à susciter, les coups d’État en Amérique latine ou en Afrique, les hommes de la CIA se vivent aujourd’hui comme les vigies de la démocratie à un moment où celle-ci serait menacée par le Président élu.
À l’inverse, en Russie, les espions sont le pouvoir. Vladimir Poutine et son entourage ont, dans une très large mesure, commencé leur carrière dans les services de renseignement, au point que ce sont bien souvent les espions qui commandent aux politiques, et non l’inverse. C’est tout particulièrement vrai dans le domaine de la diplomatie : intervention en Syrie, pénétration de l’Afrique, stratégie d’influence en Europe de l’Est… Toutes les interventions de la Russie hors de ses frontières sont pilotées par des espions, et plus par des diplomates. Il en est de même en Chine, où Xi Jiping a rénové et musclé en quelques années un appareil de renseignement colossal. Celui-ci est devenu à la fois le fer de lance de la mise en coupe réglée du pays et l’instrument au service de l’expansion économique de la future superpuissance mondiale.
Ouvrir largement le micro aux professionnels permet également de rendre manifestes les travers de chaque nation dans l’action clandestine. Car même en matière d’espionnage, chaque pays a ses forces, ses faiblesses et ses tabous, souvent hérités de l’histoire. Les États-Unis accordent ainsi un très grand pouvoir aux parlementaires sur les questions de renseignement – l’ancien directeur de la CIA David Petraeus nous a raconté ses dîners avec les membres du Congrès et du Sénat – quand la France, sans parler de l’Allemagne, est nettement plus timide en la matière. Invisibles quand on considère les services d’un strict point de vue national, ces traditions deviennent criantes quand on procède à des comparaisons internationales. Elles influent même sur les questions directement opérationnelles. Les services allemands sont d’une prudence extrême en matière de collecte d’informations personnelles, quand la Chine et les États-Unis sont clairement plus décomplexés sur ces questions.
Enfin, ces « conversations secrètes » ont porté sur des aspects plus sociaux du monde de l’espionnage, parce que ces usages censément anodins nous paraissent utiles pour mieux comprendre son fonctionnement. Savoir que le renseignement est, au Royaume-Uni, une filière d’excellence qui recrute dans les meilleures universités est un paramètre important pour envisager la place et le rôle des espions anglais.
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