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Critiques de Pierre-Alain Savary (2)
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St-Jacques de Compostelle

L’homme semble difficile à cerner : médecin, musicien baryton, pianiste et écrivain... Mais, qui est au juste Pierre-Alain Savary ? En dégustant les presque quatre-cents pages du récit de son pèlerinage depuis Le Puy-en-Velay jusqu’au tombeau de l’apôtre, on saura presque tout de lui et pour cause !



Ce pèlerin atypique partage avec le lecteur ses états d’âme les plus intimes, y compris les moins avouables. Malgré ou grâce à cette franchise tout helvétique, son témoignage est l’un des meilleurs que j’ai lus depuis longtemps sur le Camino.



Abandonné par Christiane, son grand-amour, il part début mars du Puy sous la neige. D’emblée, outre les conditions climatiques, il affronte l’indifférence de la population locale, les agressions canines et la désertification des villages. Si on y ajoute que la moitié des hébergements ne lui convient pas faute de confort et que les hospitaliers lui apparaissent souvent dépressifs, voire hostiles, on se demande où il a trouvé la force de poursuivre malgré tout son chemin.



La réponse tient en trois mots : résilience, entêtement et foi. En effet, ce marcheur suisse a été abandonné par ses parents à l’âge de 4 ans et placé en orphelinat chez des sœurs de Fribourg, sa ville d’origine. A 11 ans, le voilà relégué par les autorités de l’époque (années 60) dans une famille paysanne qui l’exploite comme un esclave. Lorsqu’un beau jour les services sociaux viennent faire leur suivi de routine, il leur dit : « Emmenez-moi d’ici ou je vous jure que je me suicide ! ».



Grâce à l’empathie, exceptionnelle pour l’époque, des travailleurs sociaux, il trouvera une famille d’accueil qui lui permettra de devenir l’homme accompli que l’on connaît. Mais, les profondes blessures de son enfance ne se sont jamais complètement cicatrisées. D’où son aversion pour les dortoirs qui lui rappellent sa triste condition d’autrefois.



Et là apparaît une première incohérence du bonhomme : Monsieur veut sa chambre individuelle, mais sans vouloir y mettre le juste prix. Moralité, les hôteliers qui lui louent des chambres miteuses sont qualifiés par Sa Majesté le grand artiste-médecin de voleurs...



Entêtement. Malgré des pieds en lambeaux dès les premiers kilomètres et un moral plus bas que terre, il s’accroche à son but, trop fier pour s’avouer vaincu. Un orgueil qui le poussera à marcher 30 kilomètres par jours en France et quarante en Espagne, sans un seul jour de pause jusqu’à destination ! Un vrai chameau.



Heureusement, depuis qu’il a renoué avec le catholicisme, il puise son énergie et sa résilience dans l’amour de Dieu. En plus de chanter ses louanges en chemin, il prie régulièrement avec beaucoup d’assiduité sans s’en cacher aux yeux du lecteur.



A ce stade, je ne résiste pas à l’envie de partager deux passages emblématiques du personnage : « Ma solitude terrestre est largement compensée par son amour et peu importe de n’avoir aucune preuve de son Existence. » (p. 130) Une page plus loin on croit être revenu un siècle en arrière, au minimum : « La femme constitue un réel danger pour l’homme, tout au moins une entrave à son évolution. » (p. 131).



Mais, au risque de surprendre, j’ai adoré chaque page de ce récit un peu hors du commun tant l’auteur nous laisse pénétrer au plus profond de son être : « Ma vie n’aura été qu’incessantes poursuites d’espoirs rarement concrétisés et réalisés. »



Un témoignage d’une sincérité assez exceptionnelle d’un Helvète nanti confronté à tous ses démons : passé traumatisant, abandon, solitude, sociabilité relative, intolérance, avarice, vanité, regrets, démon de midi et j’en passe.



Mais, en fin de compte, une magnifique leçon de vie et de courage face à l’adversité d’un homme qui estime n’avoir rien à cacher mais tout à prouver. Un énième livre sur Compostelle à marquer d’une pierre blanche ; incontestablement.

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St-Jacques de Compostelle

Pèlerinage ou chemin de croix ? Avec tous les inconvénients physiques vécus par Pierre-Alain Savary, il est légitime de se poser la question. Partir sur un "coup de tête" et sans préparation mentale ou physique contraint le marcheur à régler ses problèmes de blessures corporelles ou spirituelles au cours de son périple. Un journal tenu au jour le jour peut servir d'exutoire à la tristesse et aux déboires rencontrés. C'est ce journal que Pierre-Alain Savary partage avec les lecteurs, il y met vraiment tout ce qu'il a vécu au cours de son "Camino", sans filtres. Ce témoignage est centré sur ce que l'auteur a vécu, de sa perception du Dieu qui l'accompagne à chaque heure du jour et de la nuit. Mais je trouve qu'il parle peu des vraies rencontres et de l'esprit qui les anime.
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