Entre l’éditorialiste et le grand reporter, il ne saurait y avoir de dialogue. Ils ne font pas le même métier bien qu'ils œuvrent dans la même profession.
«Nous ne pouvons faire paraître vos articles sur la Ruhr.
-Pourquoi? N'ai-je pas dit la vérité ?
-Justement. Ne pourriez-vous modifier ? Oh! à peine quelques coupures ?
- Des coupures ? Je ne raconterai jamais que ce que j'ai vu. Strictement vu. Rendez-moi mes papiers. »
La tension monte d'un cran. Ils insistent mais ne changent en rien leurs arguments.
«Votre reportage n'est pas dans la ligne du journal... »
Piqué à vif, Albert Londres prend ses articles sous un bras, sa canne sous l'autre, tire un coup de feutre taupé à la compagnie avant de claquer la porte sur une parole demeurée historique :
«Messieurs, vous apprendrez à vos dépens qu’un reporter ne connaît qu'une seule ligne: celle du chemin de fer...»
Et il s'en va. Sans regrets.