Une rencontre avec L Ecole Biblique de Jérusalem au présent et au futur
- Accueil par Alain Rémy, président de l'Association des Amis de l'École
- Introduction par le nouveau directeur de l'Ecole, fr. Olivier Poquillon suivie d'une conférence à trois voix par des enseignants-chercheurs de l'École, « Les Écritures à l'École biblique et archéologique française de Jérusalem en 2023 » : les Écritures au pays de la lettre même (fr. ukasz Popko), au pays d'un renouveau juif polymorphe (fr. Olivier Catel), au pays d'une réception interconfessionnelle et interculturelle (fr. Olivier-Thomas Venard ).
- Échanges avec le public
- Capsules
- « La Bible en ses Traditions aux Bernardins », témoignage sur l'usage de la base de données par le P. Jacques Ollier, enseignant-chercheur au Collège des Bernardins.
- À la découverte de Bibleart, application culturelle de la Bible en ses Traditions, avec l'équipe de Prixm
- Pause : possibilité de visiter le stand de l'Association des Amis pour y découvrir ses activités, les propositions de l'École et ses dernières publications ainsi que le stand École biblique des éditions Peeters.
- Table Ronde "Sous l'invocation de saint Jérôme : traduire les Écritures en 2023, entre Jérusalem et Paris". Échange entre Pierre Assouline, de l'Académie Goncourt, pour la littérature, le professeur Olivier Munnich (professeur émérite à l'Université Paris Sorbonne) pour la philologie et l'histoire et Olivier-Thomas Venard pour l'exégèse et la théologie.
- Collation
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Les enfants, ça ne doit pas mourir avant les parents. Dans une société idéale, on ne devrait mourir que lorsqu’on a fini de vivre.
De loin, la guerre, ce n’est que du bruit. De près, c’est le paysage qui vous tire dessus.
Entre l’éditorialiste et le grand reporter, il ne saurait y avoir de dialogue. Ils ne font pas le même métier bien qu'ils œuvrent dans la même profession.
«Nous ne pouvons faire paraître vos articles sur la Ruhr.
-Pourquoi? N'ai-je pas dit la vérité ?
-Justement. Ne pourriez-vous modifier ? Oh! à peine quelques coupures ?
- Des coupures ? Je ne raconterai jamais que ce que j'ai vu. Strictement vu. Rendez-moi mes papiers. »
La tension monte d'un cran. Ils insistent mais ne changent en rien leurs arguments.
«Votre reportage n'est pas dans la ligne du journal... »
Piqué à vif, Albert Londres prend ses articles sous un bras, sa canne sous l'autre, tire un coup de feutre taupé à la compagnie avant de claquer la porte sur une parole demeurée historique :
«Messieurs, vous apprendrez à vos dépens qu’un reporter ne connaît qu'une seule ligne: celle du chemin de fer...»
Et il s'en va. Sans regrets.
Dans la chapelle couronnant le caveau de famille, une plaque fut gravée en mémoire des quatre déportés. « Morts pour la France en 1943 et 1944. » Comme Nissim, le grand frère, en 1917.
Au moins lui le savait-il. Mais avait-on vraiment conscience de mourir pour la France quand on franchissait le seuil d'une chambre à gaz, dans un camp en Pologne, pour avoir commis le seul crime d'être né juif ?
Malgré tout, et en dépit de l’œcuménisme de ces inscriptions, Béatrice et les siens n’avaient pas eu le même destin que Nissim. S’il était mort pour la France, ils étaient morts par la France. Moïse de Camondo était parti à temps pour ne pas vivre cette trahison.
. ne pas oublier que les gens ne vous pardonneront jamais le bien que vous leur avez fait. C'est là une constante de la loi d'ingratitude... Un bienfait ne reste jamais impuni
Reste à résoudre un dilemme: étant donné que les Espagnols nourrissent un double complexe vis à vis de leurs voisins, qu'ils se croient supérieurs aux Portugais mais inférieurs aux Français, et qu'ils se tiennent entre les deux, ce qui est parfois étrange dans la vie de tous les jours, comment vais-je m'en sortir?
C’était le cas de Kipling à un point inimaginable. Doué de tous les prestiges, il n’était pas seulement connu pour sa notoriété mais partout publié, traduit, acheté, lu et relu, avidement commenté. Ses lecteurs se déplaçaient en masse pour écouter ses conférences. On le guettait à l’arrivée du paquebot ou du train. Mais pour autant était-il aimé ?
De cet ahurissant monologue j'émergeai avec une certaine idée, non de l’antisémitisme, mais de l'Administration. Un fonctionnaire, qu'il fût haut ou bas, a-t-il une conscience ? Tout me ramenait à cette question insoluble. En tout cas, s'il avait eu des états d'âme, il le cachait bien.
Ces gens-là sont les pires parce qu'ils sont beaucoup plus répandus, plus invisibles, plus nocifs que les vrais monstres. Ils ont leur morale en devanture, le sens du devoir en bandoulière, et le service de l'État en parapluie. Si ça recommence un jour, il faudra d'abord se méfier d'eux, ceux qui rédigent des rapports et signent des circulaires. En un coup de tampon, ils peuvent envoyer des gens à la mort sans jamais s'interroger sur les effets de leur acte. Dans le crime administratif, la victime est sans visage. Son caractère collectif dilue le crime en faute. Quoi de plus anodin ?
Les politiciens rivalisent en démagogie, les électeurs sont sommés de choisir leur camp. Que nul ne s'avise de demander à Alfred lequel est le sien car il n'est désormais que d'un seul camp, non choisi mais assigné : le camp de concentration. Ceux qui n'y ont pas été n'y pénétreront jamais, ceux qui y ont été n'en sortiront jamais : c'est un lieu hors du monde. Mais ils sont peu nombreux alors à pouvoir sinon vouloir entendre cette vérité-là. Si les morts sont invisibles, les rescapés sont inaudibles. Il y aura toujours des gens pour faire d'un revenant le coauteur de son malheur.
La guerre, c’est un chaos de corps dans un spectacle de Jugement dernier.