Comme chaque fois qu'il contemplait la Baltique, Solman s'était senti chaviré de colère et de tristesse. Rien n'était plus désolant que la métamorphose d'une mer autrefois vivante, féconde, en une fosse infectée, putride, qui n'avait plus la force de se régénérer, d'expulser de son grand corps acide les toxines nucléaires, chimiques et génétiques déversées pendant des années par des populations inconscientes, criminelles. Les vagues elles-mêmes n'avaient même plus la volonté de battre les carcasses rongées des sous-marins et des bâtiments géants échoués à proximité des côtes.