Au fond, qu'est-ce donc que cette Vérité à laquelle on rend un véritable culte d'adoration ? Est-ce un point fixe qu'il s'agit de trouver? Certes non. Il suffirait, pour s'en convaincre, de relire l'histoire. Dans les sciences, que de théories renversées par des faits inattendus ! Que de conjectures vont encore naître, mourir et renaître plus ou moins modifiées ! Quelle palingénésie ! Croire qu'un chercheur tient une formule définitive dans les sciences, c'est affirmer l'existence d'une théorie dont l'application donnera la raison et des faits connus et des faits à venir; mais le Hasard est là; il présentera, tôt ou tard, un fait dont l'explication sera la ruine même de cette théorie. Et c'est ainsi que là prétendue Vérité d'hier, malgré les services rendus, sera l'erreur de demain.
D'après certains interprètes de la doctrine ancienne, la métempsycose n'est pas seulement le passage de l'âme humaine dans le corps d'êtres inférieurs; mais la transmigration des âmes, en général, dans les corps. L'âme humaine peut, soit immédiatement, soit après un séjour plus ou moins long dans l'empire des morts, aussi bien animer un autre corps humain que celui d'un être inférieur.
La Vérité, dirons-nous, est le besoin de l'esprit ; le besoin du toujours plus large, du toujours plus riche, du toujours plus varié.
Les Nomades ont été de tout temps considérés comme les amis de cette Divinité. Certaines familles de Bohémiens (peut-être descendants des anciens Avares, dont l'origine doit être recherchée dans l'Inde du Nord) se transmettent, dit-on, mystérieusement des enseignements, des pratiques et des jeux, à l'aide desquels l'avenir se révélerait.
Quant à nous, nous croyons voir dans tout cela, une confiance complète dans le Déterminisme. Il y a certains esprits pour lesquels il est le seul et unique vrai Dieu. Pour eux, pas de Liberté, pas de Volonté dans le Monde.
Le secret de la beauté artistique, est dans la représentation multiple de caractères en opposition, lesquels s'unissent sans se neutraliser. Toute oeuvre qui ne tend pas vers la forme synthétique est sans intérêt, Les tons
heurtés, les formes dures, excluant toute liaison d'oppositions, écartent du même coup le sentiment de l'Infinitude et, par suite, celui delà synthèse qui, seul, imprime le cachet du beau.
Certains philosophes évolutionnistes nous diront que la théorie de l'évolution, dans les Sciences naturelles, n'est pas une doctrine, une opinion ou une méthode plus ou moins ingénieuse pour expliquer le processus de la vie; mais bien l'expression de la seule manière dont nous pouvons concevoir le passage d'une forme à une autre. Cette unique manière est la continuité.
N'oublions pas de faire observer, de nouveau, que le problème du Hasard est surtout un problème de philosophie. Le placer uniquement sur le plan des mathématiques pures, comme cela arrive assez souvent, c'est méconnaître sa participation à l'expérience et, par là, écarter les conditions dans lesquelles on doit se placer lorsqu'on veut se livrer à des applications.