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Citation de Pibook


Pierre  Foglia
La littérature de guerre selon notre électron libre québécois, le journaliste Pierre Foglia. Pointage final: "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaître (0) - "Le quatrième mur" Sorj Chalandon (1) et en filigrane, le dernier roman de Wajdi Mouawad et quelques suggestions de lecture.

Je suis aux deux tiers du Goncourt. Cela s'appelle Au revoir là-haut - de Pierre Lemaitre, chez Albin Michel: c'est pas mauvais, pas formidable non plus. La quatrième de couverture nous annonce que c'est «le grand roman de l'après-guerre de 14». On se calme! La façon dont c'est dit, on jurerait qu'on attend ce roman-là depuis cent ans, 1919, rien, 1920, 1921, 1922, 1923, rien. 1953, 1955, 1967, toujours pas de grand roman de l'après-guerre de 14, mais qu'est-ce qu'y foutent? 1991 non plus. 2013, quand on ne l'espérait plus, tadam !

C'est même pas vrai. Le grand roman de la guerre de 14 a été écrit en 1916 par Henri Barbusse, cela s'appelle "Le feu" - d'ailleurs couronné par le Goncourt de 1917 -, je l'ai lu, je devais avoir 15 ans, je m'en souviens comme si c'était hier. Au revoir là-haut, je ne m'en souviendrai plus la semaine prochaine.

Puisqu'on est dans le roman de guerre, si vous me demandiez, là tout de suite, de vous faire LA LISTE DE MES PRÉFÉRÉS, outre "Le feu", je vous déclinerais "Les bienveillantes" de Jonathan Littell, "Vie et destin" de Vassili Grossman, "La 317e Section" de Pierre Schoendoerffer, "À propos de courage" de Tim O'Brien, "À l'ouest, rien de nouveau" d'Erich Maria Remarque, "Pour qui sonne le glas" de Hemingway et, du même fabuleux Ernest, "Pourquoi le Luxembourg brûle-t-il".
Il se trouve que LE livre de la rentrée est aussi un livre de guerre. Mais non pas le Goncourt, je viens de vous dire que c'était moyen. LE livre de la rentrée auquel on aurait dû donner le Goncourt, le Renaudot, le Médicis, l'Interallié et pourquoi pas le Femina, c'est Le QUATRIÈME MUR de SORJ CHALANDON, sorte de WAJDI MOUAWAD breton.

La guerre de Chalandon, c'est celle du Liban comme dans le dernier Mouawad (Anima), et comme chez Mouawad encore, elle culminera par le massacre des réfugiés palestiniens des camps de Sabra et de Chatila. Sabra et Chatila, parmi les plus sauvages de tous les massacres de toutes les guerres de toute l'Histoire de l'humanité.

Le quatrième mur raconte l'histoire de deux amis qui se sont mis en tête de monter Antigone, en pleine guerre, sur les décombres qui tenaient lieu de ligne de démarcation entre Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest.
Du coup, je suis allé lire Antigone. «Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas...» Ainsi commence la pièce signée Anouilh. Dans le livre de Chalandon, Antigone, c'est Imane la Palestinienne, le narrateur en est un peu amoureux, ça finira mal, son chemisier ouvert, ses seins tailladés, son ventre forcé, son visage une bouillie bourdonnant de mouches. Chatila.
Dans ces années-là, j'avais croisé, à Chatila, un docteur canadien et sa femme palestinienne. Dieu qu'elle était belle.
Source: http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/pierre-foglia/201311/14/01-4710556-contents-.php
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