Mais les crayons de cet ordre sont, on le comprend, l’exception. Ce que David a principalement recherché, ce qu’il a saisi et rendu, en homme d une rare puissance, c’est la tête humaine. David est un portraitiste du plus haut mérite. Ce n’est pas en vain qu’il a scruté l’âme de ses contemporains de marque, et modelé sept cents médaillons, toujours admirés. Le profil, la face, le trois-quarts n’ont pas de secrets pour lui.
Les portraits dessinés que nous publions aujourd'hui se rattachent aux circonstances les plus diverses. C’est par centaines que David a fixé des profils de savants, de littérateurs, d’artistes, de personnages politiques, de femmes ou d’enfants. Il se faisait un jeu d’exécuter ces légers portraits, toujours écrits avec une intensité d'accent, une justesse d expression, une distinction de touche, qui témoignent de la puissance et du goût de l’artiste. La plupart des dessins de David ont été dispersés. Ceux que nous avons pu rassembler ne constituent que des glanes à travers l’oeuvre immense d’un maître fertile entre tous.
Chez les maîtres, sculpteurs ou peintres, la pratique quotidienne du crayon s'est promptement transformée en manifestations exquises. Les dessins d Ingres, de Heim, de Boilly éclipsent les œuvres peintes de ces artistes. Dessiner est devenu pour eux un besoin, une passion, le repos élevé de leur esprit, entre deux œuvres de longue haleine. Nous disons le repos élevé, parce que ce délassement n exclut pas l’étude, et que certains profils, comportant à peine quelques traits sur une feuille de papier vulgaire, peuvent être qualifiés du titre de chefs-d’oeuvre.
Jamais savant, jamais écrivain, jamais sage ne parut plus fait pour nous donner la belle science de l’anthropologie. A un savoir immense M. Blumenbach joignait une critique plus rare encore que le savoir le plus vaste, et plus précieuse : cet art qui discerne, qui juge, un coup d’œil net, un tact sûr, ce bon sens qui ne veut pas être trompé.
II savait tout; il avait tout lu : histoires, chroniques, relations, voyages, etc., et il se plaisait à dire que c’étaient les voyages qui l’avaient le plus instruit.