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Citation de JulienDjeuks


(Vitalité artistique des cités médiévales et des guildes, p. 268-270)
Comme l’art grec, [l’architecture médiévale] jaillissait d’une conception de fraternité et d’unité engendrée par la cité. Elle avait une audace qui ne peut s’acquérir que par des luttes audacieuses et des victoires ; elle exprimait la vigueur, parce que la vigueur imprégnait toute la vie de la cité. Une cathédrale, une maison communale symbolisaient la grandeur d’un organisme dont chaque maçon et chaque tailleur de pierres était un constructeur ; et un monument du Moyen-Âge n’apparaît jamais comme un effort solitaire, où des milliers d’esclaves auraient exécuté la part assignée à eux par l’imagination d’un seul homme – toute la cité y a contribué. Le haut clocher s’élevait sur une construction qui avait de la grandeur par elle-même, dans laquelle on pouvait sentir palpiter la vie de la cité ; ce n’était pas un échafaudage absurde comme la tour en fer de 300 mètres de Paris, ni une simili bâtisse en pierre faite pour cacher la laideur d’une charpente de fer comme le Tower Bridge à Londres. Comme l’Acropole d’Athènes, la cathédrale du Moyen-Âge était élevée dans l’intention de glorifier la grandeur de la cité victorieuse, de symboliser l’union de ses arts et métiers, d’exprimer la fierté de chaque citoyen dans une cité qui était sa propre création. […] Les ressources dont on disposait pour ces grandes entreprises étaient d’une modicité étonnante. La cathédrale de Cologne fut commencée avec une dépense annuelle de 500 marks seulement ; un don de 100 marks fut inscrit comme une grande donation […] Mais chaque corporation contribuait pour sa part en pierres, en travaux et en inventions décoratives pour leur monument commun. Chaque guilde y exprimait ses conceptions politiques, racontant en bronze ou en pierre, l’histoire de la cité, glorifiant les principes de « Liberté, Égalité et Fraternité », louant les alliés de la cité et vouant ses ennemis aux feux éternels. Et chaque guilde témoignait son amour au monument communal en le décorant de vitraux, de peintures, de « grilles dignes d’être les portes du Paradis », comme le dit Michel-Ange, ou en décorant de sculptures en pierre les plus petits recoins du bâtiment. […] « Aucune œuvre ne doit être entreprise par la commune si elle n’est conçue selon le grand coeur de la commune, composé des coeurs de tous les citoyens, unis dans une commune volonté » – telles sont les paroles du Conseil de Florence ; et cet état d’esprit apparaît bien dans toutes les œuvres communales d’une utilité sociale : les canaux, les terrasses, les vignobles et les jardins fruitiers autour de Florence, ou les canaux d’irrigation qui sillonnent les plaines de Lombardie, ou le port et l’aqueduc de Gênes, bref tous les travaux de cette sorte qui furent accomplis par presque toutes les cités.
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