AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de cinquecento


Elle avait la tenue classique des porteuses d’eau : nus pieds, afin de ne point glisser sur la mousse accumulée autour des pierres, grand jupon bleu dont un pan était joliment ramené sous la ceinture afin de ne point s’éclabousser en versant l’eau, haut chapeau d’homme sur ses cheveux ramenés en chignon. Elle avait posé à terre son bigolo, perche à chaque bout de laquelle s’accrocherait un récipient de cuivre. L’un des deux, débordant d’eau claire attendait sur la margelle et elle s’empressait de ramener la corde du second, quand une voix, dans son dos, la fit sursauter :
– Laisse pas traîner la corde dans l’eau, Galinetta, t’auras les mains molles, ce soir.
La voix était féminine, jeune, marquée du fort accent de la Dalmatie. Avec cet air d’autorité et le geste sûr que donne la routine, la Dalmate posa sur la mousse sa longue perche et entreprit de détacher ses seaux vides, l’un après l’autre, tout en dévisageant la maladroite comme on observerait un enfant pataugeant dans la crotte.
– T’es nouvelle, toi, affirma-t-elle.
Et, sans attendre de réponse :
– Tu viens d’où ?
– Pago.
En réalité, la question était superflue : les porteuses d’eau de Venise venaient presque toutes de Pago, comme les fermières venaient du Frioul. Par une sorte de filière, certaines terres vénitiennes étaient les pourvoyeuses presque exclusives de certains métiers. Les jeunes filles de Pago venaient gagner à Venise de quoi se faire une dot avant de s’en retourner dans leur île pour se marier.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}