Pierre Mazet

« Mais si le député était un imposteur, rien ne prouvait que Tom n’était pas le fils de Guillaume. »
« Vrai, Monsieur Trincard, mais rien ne prouvait le contraire. »
« Bref, la situation était inextricable. »
« Pour Emma, hélas oui, d’autant que l’affaire ne se limitait pas à une simple question d’héritage. Le rôle du député Trincard au Comité de Salut Public, dans la chute de Robespierre attisait les passions politiques. Allez savoir pourquoi, les trois notables billomois s’opposaient farouchement à une révision du procès. Tom et Emma restaient dépouillés de leur identité et de leur héritage. »
« Mais comment expliquez-vous alors que j’ai vécu à Billom dans cette maison de famille et que nous soyons aujourd’hui en possession de cet héritage ? »
« Justement le problème est bien là. Je n’ai trouvé nul jugement qui rétablisse votre famille dans ses droits. La seule façon pour Emma d’obtenir justice aurait été de prouver qu’elle avait bien épousé
Guillaume Trincard en Louisiane. Même si celui qui avait été élu député de Billom n’était pas le même homme. »
James, jeune américain à l’esprit carré, tente de résumer la situation.
« Cette histoire me donne mal à la tête, essayons de nous ramener à quelques idées simples. Notre ancêtre Guillaume, ultime descendant d’une longue lignée de marchands billomois se rend en Louisiane vers 1784 avec l’ambition de construire un empire américain. Après la mort de son père, il revient à Billom. Pris dans la tourmente révolutionnaire, il goûte aux délices de la politique. À sa mort, dans des conditions mystérieuses, on découvre qu’il ne s’agit probablement pas du même homme. Au fond, la question est : Qui Emma a-elle épousé, le “vrai Guillaume” ou le député assassiné ? »

Je me transforme petit à petit en détective amateur. Les sièges passagers des autochenilles sont moins confortables que les fauteuils du 221 Baker Street.

Seule une expédition, comme la nôtre, permet de faire prendre conscience à nos concitoyens de l'immensité de nos possessions.

Même ces gens, qui connaissaient l'Afrique, ne pouvaient se défaire de leurs préjugés.