Les Français, de retour de Gallipoli, avaient appris à planter des salades dans la plaine de Salonique pour échapper au scorbut qui menaçait les mangeurs de
conserves. On raillait, dans les tranchées de l’Aisne ou de la
Somme, ces « jardiniers » qui s’étaient arrachés à la boue du front
de l’Ouest pour trouver, sous le soleil d’Orient, des adversaires
aussi primaires que les Turcs et les Bulgares, ceux-là mêmes que
les grandes puissances avaient laissés s’entre-tuer au cours des
guerres balkaniques en se contentant de leur vendre canons et
mitrailleuses. Combattre directement ces marginaux exotiques de la
Grande Guerre, c’était véritablement déchoir.