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Citation de CREER


Le mystère des représentations licencieuses
Nous venons d’observer un certain nombre de modillons dont la particularité est de présenter une image crue, voire franchement outrancière (on peut aller jusqu’à « pornographique » dans un ou deux cas) de la sexualité humaine ou animale. Plusieurs églises autour de Mauriac possèdent de telles sculptures, notamment Moussages, Saint-Vincent et Anglards. Ont-elles un sens ? Délivrent-elles un message ? S’agit-il d’une simple marque de gauloiserie ? Remarquons d’abord que la nudité dans la sculpture romane n’est pas toujours un signe infamant, loin de là. Il faut distinguer soigneusement nudité et représentation outrancière des organes sexuels. En réalité, le corps nu ne représente pas, assez souvent, un simple corps nu : il est parfois l’image de l’âme par opposition au corps, celui-ci étant alors symbolisé par un corps vêtu. Par exemple, un enfant nu s’échappant d’un corps d’adulte représente l’âme s’extrayant du cadavre. Dans ce cas, la nudité évoque la réalité spirituelle par opposition à la réalité charnelle.
L’homme nu se retrouve également dans les Jugements Derniers. Les élus, au Ciel, sont le plus souvent vêtus, et le vêtement symbolise alors leur corps glorieux, tandis que les damnés restent nus. Enfin Adam et Eve sont nus avant la Chute, et n’en éprouvent aucune honte, comme ici à Mauriac, sur le chapiteau du bas-côté sud.
Toutes ces représentations de la nudité dénuées de caractère érotique ne sauraient être confondues avec la représentation des organes sexuels ou de scènes d’accouplement, qui ne mettent pas en avant le corps en général, mais spécifiquement le sexe. Ce sont ces images qu’il s’agit d’expliquer ici. On peut proposer quelques hypothèses, et le lecteur choisira lui-même ce qui lui paraît le plus vraisemblable. Trois grands types d’explication sont invoqués par les rares auteurs qui osent affronter ce problème délicat : 1. la condamnation de la luxure, 2. l’humour « gaulois », 3. la fonction apotropaïque visant à effrayer démons et méchantes gens, et ainsi à marquer symboliquement la distinction du sacré et du profane.
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