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4.42/5 (sur 18 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Pierre Moulier est professeur de philosophie, spécialiste du patrimoine, de l'histoire de l'art et de l'ethnographie du Cantal et directeur de la revue "Patrimoine en Haute-Auvergne".

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le mystère des représentations licencieuses
Nous venons d’observer un certain nombre de modillons dont la particularité est de présenter une image crue, voire franchement outrancière (on peut aller jusqu’à « pornographique » dans un ou deux cas) de la sexualité humaine ou animale. Plusieurs églises autour de Mauriac possèdent de telles sculptures, notamment Moussages, Saint-Vincent et Anglards. Ont-elles un sens ? Délivrent-elles un message ? S’agit-il d’une simple marque de gauloiserie ? Remarquons d’abord que la nudité dans la sculpture romane n’est pas toujours un signe infamant, loin de là. Il faut distinguer soigneusement nudité et représentation outrancière des organes sexuels. En réalité, le corps nu ne représente pas, assez souvent, un simple corps nu : il est parfois l’image de l’âme par opposition au corps, celui-ci étant alors symbolisé par un corps vêtu. Par exemple, un enfant nu s’échappant d’un corps d’adulte représente l’âme s’extrayant du cadavre. Dans ce cas, la nudité évoque la réalité spirituelle par opposition à la réalité charnelle.
L’homme nu se retrouve également dans les Jugements Derniers. Les élus, au Ciel, sont le plus souvent vêtus, et le vêtement symbolise alors leur corps glorieux, tandis que les damnés restent nus. Enfin Adam et Eve sont nus avant la Chute, et n’en éprouvent aucune honte, comme ici à Mauriac, sur le chapiteau du bas-côté sud.
Toutes ces représentations de la nudité dénuées de caractère érotique ne sauraient être confondues avec la représentation des organes sexuels ou de scènes d’accouplement, qui ne mettent pas en avant le corps en général, mais spécifiquement le sexe. Ce sont ces images qu’il s’agit d’expliquer ici. On peut proposer quelques hypothèses, et le lecteur choisira lui-même ce qui lui paraît le plus vraisemblable. Trois grands types d’explication sont invoqués par les rares auteurs qui osent affronter ce problème délicat : 1. la condamnation de la luxure, 2. l’humour « gaulois », 3. la fonction apotropaïque visant à effrayer démons et méchantes gens, et ainsi à marquer symboliquement la distinction du sacré et du profane.
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Extrait du livre :
La fondation de Mauriac, entre histoire et légende

Les circonstances de la naissance de la ville de Mauriac ont suscité, comme souvent, plus de légendes que d'études historiques. S'il ne fait pas de doute que l'occupation du site remonte au moins à la période gallo-romaine, les chroniqueurs anciens ont surtout insisté sur la légende de la fondation du monastère par Théodechilde, fille ou petite-fille de Clovis *. La tradition, rapportée avec de nombreuses variantes, raconte comment un certain Basolus se révolta contre les Francs, se réfugia dans une forteresse et fut vaincu par eux. Une fois cette terre d'Auvergne pacifiée, Théodechilde vint la visiter et, se trouvant perdue dans la forêt, fut surprise par une lionne et ses trois lionceaux. Miraculeusement sauvée, elle fit voeu de bâtir en ce lieu un monastère. Une autre version de la légende rapporte qu'elle édifia d'abord une chapelle puis seulement après le monastère, à l'emplacement d'un temple dédié à Mercure. Les pierres de la forteresse prise à Basolus servirent à la construction de l'ensemble.
Faisant le tri dans toutes ces versions, le bon his­torien qu'était Emile Delalo, au milieu du XIXe siècle, insistait sur les points communs des différents récits, indices de fondement historique : 1. conquête du territoire de Mauriac et prise d'un château par les Francs,. fondation d'un monastère par une princesse de la famille de Clovis. Quant à Basolus, dont les titres varient considérablement d'une tradition à l'autre, il fut probablement un grand propriétaire terrien révolté contre le fils de Clovis, Thierry. Ses propriétés confisquées servirent à doter le monastère ou, plus exactement, le monastère de Mauriac fut créé pour administrer ces nombreux biens attribués à la lointaine abbaye Saint-Pierre-le-Vif, à Sens, fondée précisément par Théodechilde.
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Le bestiaire
Le bestiaire roman se répartit en deux catégories principales : réaliste et fantastique. A la première catégorie appartiennent les vaches, serpents, volatiles divers, quadrupèdes, lions, chevaux, chiens. De la seconde catégorie relèvent les griffons, dragons, basilics, chevaux et lions ailés, animaux partageant une seule tête, etc. Mais il n’est pas toujours facile de déterminer les limites entre le serpent et le dragon, et plus généralement entre l’animal réel et son éventuel usage symbolique.
Les vaches sont très clairement celles de nos prés. Leur présence à Molèdes, Allanche, Cheylade, et en de nombreux autres lieux en Cantal, exprime la dimension populaire de la sculpture locale en inscrivant l’église dans son contexte rural. Nous sommes ici en plein cœur d’un monde paysan et la vache, déjà, règne sur la Haute-Auvergne. Il est intéressant de constater que sur ce plan les choses n’ont guère changé. Nous ferions la même remarque concernant les chevaux et les loups si ceux-ci étaient plus clairement identifiables, mais souvent nous ne reconnaissons que de vagues quadrupèdes et non un animal particulier (Védrines, Marcenat, Dienne, Vèze, Coltines…). Les aigles peuvent aussi bien représenter l’animal local que l’animal symbolique, figure du Christ ou du Bien. Ceux de Roffiac, Saint-Saturnin, Vèze, Coltines, Lugarde, Sériers, Dienne (modillon), en tout cas, n’ont rien qui affirme une dimension allégorique quelconque. Il n’en va pas de même du serpent, vecteur classique du mal. Les serpents de Dienne, au corps strié comme ceux de Saint-Amandin, encadrent une tête de diable qui ne laisse aucun doute sur leur statut symbolique de tentateur, bien affirmé dans la Genèse. A Vèze et Dienne encore, l’archer qui tire sur le serpent-dragon est évidemment le Bien en lutte avec le Mal.
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Le Cantal est une terre paysanne (...) bien mieux symbolisée par la grange, fût-elle couverte de tôles, que par la tour hautaine.
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