Sur les 132 motifs de punitions illustrés dans ce petit ouvrage, je ne dis pas que je n'en ai jamais frôlé un ou deux.
Ce serait mentir.
Quel genre de matelot peut se vanter de n'avoir jamais été mis sur "la peau de bouc" ?
Mais mon livret de punition, finalement assez maigrelet, n'est pas de ceux qui peuvent impressionner le moindre quartier-maître ayant plus d'un tour d'hélice dans son sac.
Le motif de punition, traîné comme une infamie ou, suivant sa cause, exhibé avec fierté, est d'abord mis "sur la peau de bouc", inscrit sur le très redouté cahier du capitaine d'armes.
Puis il entraîne la sanction, infligée selon sa gravité par le commandant en second, le pacha ou même, dans de très rares cas, par l'amiral lui-même.
Malheur à celui qui déclenche les foudres du préfet maritime !
Ce sont des jours d'arrêt fermes qui le guettent ...
Paru en 1967, "Sur la peau de bouc" est un petit album préfacé par Henri Quéffelec.
Il contient, au rythme d'un par page, 132 motifs de punitions de la vieille marine illustrés par Pierre Péron.
Ce dernier dont "l'expression est un éventail aux mille plis", est un graphiste, caricaturiste, graveur et sculpteur breton, peintre de la marine, qui à partir de 1972, fut conservateur du Musée de la Marine à Brest.
Son oeuvre est originale, talentueuse et imaginative.
Cet album en est un des reflets.
Et tenter de "tromper la crédulité du capitaine d'armes en lui donnant dans l'obscurité un faux numéro" ne servira à rien, le matelot qui a "chanté à tue-tête dans la rue de Siam et troublé le repos public" sera puni.
Ainsi que quelques autres dont l'espièglerie est aujourd'hui passée à la postérité ...
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Pierre Péron est un peintre et illustrateur brestois. Ses illustrations ont fleuri dans les années 50/60 dans le Télégramme de Brest, le journal local, c'était aussi un "Peintre de la Marine", titre officiel le la Marine Nationale.
"La Peau de Bouc", c'est le cahier de punitions de la Marine Nationale, où sont consignés tout les motifs de punitions. Ces motifs sont donc illustrés par Pierre Péron, publiés régulièrement dans le Télégramme au début des années 60 et rassemblés pour la première fois en recueil en 1967 par les Presses de la Cité. Je possède une réédition de 1983.
On reconnait son graphisme particulier avec ses personnages dégingandés, au visages ronds. J'aime ses dessins, c'est comme ma madeleine de Proust, je me souviens de ses grandes illustrations pour les vœux du Télégramme, tous les ans. Et c'est l'univers typique de Brest, avec les termes de la Marine, la cambuse, un fanal, un éléphant, un bœuf, une dame... Pierre Péron joue avec les quiproquos, ce n'est pas un humour à se tenir les côtes, c'est un humour empli de nostalgie, de candeur, un humour ti'zef, et une page de notre folklore.
Ici c'est Brest !
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