FACTEUR EN SHORT
Il y a un moment où le dernier oiseau se tait. Saisir cet
instant, en faire un aigle. Lâcher l'aigle. L'aigle lâché fait
un ciel. Lâcher le ciel.
p.93
FATIGUES
L'oiseau, voulant signer son chant, s'était choisi un nom
de plume.
p.13
De quoi demain sera-t-il défait ?
p.152
Chassant les rats…
Chassant les rats,
chassant les rats des chaumes
le charbon dans les chais
Chassant les fleurs, les clous, les cris,
tout ce qui tinte, le lait des morts
Crachant la rose au soir
et la ronce aux berceaux
/Cheval sous le talus des morts
Les oiseaux se nourrissent de nos rêves, et ils les alimentent. Ils n'en savent rien. Un oiseau ne sait rien. C'est à peine s'il se reconnaît dans le miroir des flaques au fond desquelles nos rêves l'attendent, le saisissent par le bec, et le noient.
On n'est jamais mieux asservi que par soi-même.
p14
FLEUR BLANCHE
extrait 1
Je ne sais plus écrire
Je sais la fleur blanche du désastre
Les lances du pur amour
La lumière de ton corps
Fait un nœud dans ma gorge
Illumine l’ombre
Fait un nœud dans ma gorge
Illumine même le jour
Fait un nœud dans ma gorge
La lumière de ta gorge
Fait un nœud de lumière
L’ombre vaste de ton corps
Illumine même le jour
…
Elle a le front rouge
Elle a le front rouge les mains noires
elle traverse le monde sur un ours
Je la croise chaque soir en menant mon cheval
boire le sang de la rivière
Elle viendra par le poumon gauche
Extrait 2
On compte en oiseaux,
en cerceaux sur le pré,
en ruisseaux dans l’été
et en éternités.
On compte sur les doigts des femmes
et les cheveux des bêtes
qui ne tombent jamais dans le lavabo,
on compte sur le beau temps
qui vous ouvre la gorge.
Elles, comme on va mourir,
elles nous ouvrent leurs robes –
on y compte.
Et comme on va partir,
elles nous laissent leur adresse
et le soir les emporte
et on va dans les bois
où il y a l’hôpital.
Tout est utile d’ailleurs, quand on est au courant. Une grille d’arbre, tiens, ce n’est pas croyable tout ce qu’on peut faire avec ces engins-là. Sans parler des bancs, des voitures, des arbres, tout quoi. Et les chantiers, ah ! les chantiers ! Y en a toujours là où il faut. Où il ne faudrait pas. Nous sommes même un certain nombre à loucher vers l’armurerie sur le trottoir d’en face. On ne lui fera pas le sort qu’elle méritait. On est trop cons.