Citations de Pierre Soletti (26)
Vérifier si toutes les "Rue de l'égalité" mènent au cimetière.
Danser avec les feuilles mortes jusqu'à ce que quelqu'un les ramasse à la pelle.
post-scriptum
la suite était sans doute mieux mais je ne l'ai pas écrite.
je me cache partout
Dans les flocons
de chocolat
Sur ton lait
du matin,
[...]
Dans les plis,
dans les pages
& sur les marque pages
quand la lune…
. . .
quand la lune dépassera d’un poème d’Henri Michaux
lassée d’être toujours coincée entre deux pages
. . .
je fais des trous …
je fais des trous dans le ruban
de la machine je troue les
mots
toi tu t’en fous
tu chapardes mes chutes
tu escamotes mes fins
tu voles à mi-temps
mes temps pleins
tu dors
partout …
partout
galoper
comme si
au bout
il n’y avait pas
de bout
continuer sans se
poser
un instant
continuer
comme si tout ça
allait continuer
toujours
je ne sais pas dessiner…
je ne sais pas dessiner
le souffle qui éteindra tout
mais je sais que
la véritable force du souffle
n’est pas celle qui éteint le feu
mais qui l’allume
je relis les mots…
je relis les mots où par inadvertance
une fourmi gloutonne d’espaces blancs
traverse la page / banquise ultrafine
L’ogre a choisi ta maison…
L’ogre a choisi ta maison
il a bouleversé l’ordre des fenêtres sur ta façade
avec sa grosse voix
l’ordre des mots dans les histoires de tes livres
transformé toutes les sorties en portes d’entrée
& tous les monstres que tu redoutais
vont rentrer dans la maison
& mettre tout sens dessus-dessous
remarque
tu auras une bonne excuse
pour dire que ta chambre est mal rangée
Matilda supporte…
extrait 2
je continue
les étoiles
marin des marécages
empêtré
de vent
j’ai tout risqué
l’estomac noué
avec
la lune dans une poêle
pour seule compagne
soufflerie
à tous les
étages
à travers les
carreaux
de la chemise
Matilda supporte…
extrait 1
Matilda supporte
mes peines & mes
exagérations
je l’emmène avec moi
partout où se posent
mes pas
elle danse avec moi
du bout des hanches
la musique vide de
mes os
qui s’entrechoquent
me secoue les solitudes
elle m’offre parfois
un brin d’herbe
du bout des lèvres
que je mâchouille
longtemps comme on mâchouille
un destin mal
fagoté
elle me regarde
engloutir des banquises
de gênes
entre moi & le monde
mes facéties ne suffisent plus
à dissimuler mes chutes
de tension
les glissades de silence
sur un buvard d’espoir
mal embouché
fatum de taches d’encre
imbibées de néant
je m’escalade
…
les os…
les os
on les déplace
dans nos pas
on les tape à la machine
dans la matière
de nous-mêmes
ils nous craquent
la tête & le sang
soulèvent de vieilles phobies
se remet-on
jamais
de vivre ?
j’ai coincé pour toi…
extrait 2
j’ai coincé pour toi
un bout de vent
dans la pluie
un morceau de brume
à remonter le temps
avec trois bouts de ficelle
et deux morceaux de scotch
un tunnel de carton
et deux lampes de poche
j’ai coincé pour toi
un bout de temps
dans le vent
un bout de temps
rien qu’à nous
un bout de bon temps
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
et le mauvais temps
n’en saura rien...
j’ai coincé pour toi…
extrait 1
j’ai coincé pour toi
un bout de pluie
dans le vent
un bout de nuage
quand il passera
à ta portée
tu l’entendras
chanter pour toi
une mélodie
pleine de jour
où le temps perdu se pendra
aux horodateurs en service
en recomptant sa monnaie
…
Je me laisse pousser
dans la pièce
rien ne me retient
Je suis assis sur ma journée
lentement
je laisse entrer les collines
et tout ce que le paysage
voudra bien faire passer
par la fenêtre
la bouilloire siffle
doucement
je guette l'entrée
par laquelle
tu bouleverseras
les registres de l'ordinaire
tu passeras
un bras
la tête,
le coeur
chiquenaude à mon âme
Toutes les excentricités
mènent
au recommencement
la nuit je construis
des palais
que la lumière
du petit matin
défait
Les vies s'alignent
toutes semblables
et différentes
si je ne tente pas autre chose que moi-même
comment saurais-je
qui je suis ?
J'ai mis la théière sur le feu
le plaid à côté du fauteuil
sur la petite table
qui jouxte
l'accoudoir
au milieu des piles de livres
l'abat-jour éclaire
un mystère
plus grand
que toi
sur la
couverture
en
ce pays
de pas
pressés
d'aller
où
on ne sait
nous gardons le pain des mots au chaud
pour les tartines des vieux jours
et au même jeu une nouvelle fois
retenter notre chance
La vie parfois
ressemble à un sale type
qu'on a envie d'attraper
par les oreilles
& de secouer
secouer
secouer
jusqu'à ce
qu'il en tombe
quelque chose