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Citation de Le_Raconteur


La fonction de conservation attachée au peuple se retrouve également dans le fait que de nombreux protagonistes de contes et légendes sont en fait d’authentiques divinités qui ont été connues et adorées par des civilisations anciennement disparues et dont la forme a évolué avec le temps.

Le folkloriste Henri Dontenville en a notamment offert une belle illustration en démontrant que notre bon vieux géant Gargantua n’est autre qu’une déformation progressive de l’archaïque dieu solaire indo-européen Gargan et que, généralement, fées, ogres, et autres vouivres de notre campagne, sont de lointains échos des dieux et déesses adorés anciennement par les peuples celtes.

Du reste, il est bien connu que de nombreux Saints et Saintes ne sont en réalité que des transpositions, dans le cadre de l’imaginaire populaire chrétien, d’antiques dieux païens. Saturne est devenu ainsi Saint Saturnin, Dyonisos, Saint Denis, Sophia, Sainte Sophie, Mars, Saint Martial, Apollon, Saint Apollinaire, etc. De la même manière que la coutume paysanne de l’escalade du mât de cocagne constitue vraisemblablement un atavisme d’ancestraux rites d’ascension shamaniques, ou encore que le jeu de la marelle pratiqué encore dans les cours d’écoles représente un cheminement archétypal tout à fait ésotérique et initiatique, partant de la terre en direction du ciel en passant par sept étapes, à l’image du franchissement des sept orbes planétaires ou de l’échelle nitriaque faite de sept degrés.

Sait-on également que le personnage du Petit Poucet est un souvenir lointain du grand dieu hindou de la lumière et du feu, Agni ? Lui qui a plusieurs reprises est surnommé « l’homme de la grandeur du pouce » dans le Rig-Veda, où il est revêtu, dans certains hymnes, des mêmes attributs symboliques que notre héros de contes pour enfants ? Sait-on que Blanche-Neige incarne la psyché humaine, que son empoisonnement correspond à l’oubli de sa condition édénique originelle (comme Eve, elle croque la pomme maudite tendue par la mégère, qui, tel le serpent génésiaque, représente le principe d’individuation, l’ego narcissique qui se regarde constamment dans le miroir), que les sept nains sont les puissances ontologiques infrahumaines dont il faut progressivement se défaire, que le réveil, via le baiser du prince charmant, figure l’illumination intellectuelle provoquée par le souffle du spiritus, pneuma, et que leur mariage heureux marque la réintégration finale à l’état d’être paradisiaque ?
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