Louis-Ferdinand Céline par Pierre de Bonneville
Pas un seul écrit de Thomas Bernhard qui ne soit marqué par la maladie et la mort. Sa vie a été une question de survie.
Pour s'ancrer dans les réalités, s'échapper de l'abstraction et de la solitude, remplir les vides d'une vie, Thomas Bernhard aura besoin de se créer ce que les psychologues appellent des « bulles sociales ». Pour Thomas Bernhard, ces issues seront ses voyages, le café et le théâtre.
Si le sexe n'est pas indispensable, et si Thomas Bernhard en fait un usage restreint et personnel, par contre, l'être humain a besoin d'aimer et d'être aimé. On trouve peu d'amour dans la vie de Thomas Bernhard, et on en trouve rarement l'expression dans son œuvre. Ses écrits ne débordent ni de sentimentalité, ni de manifestations d'affection. Celles-ci sont réservées en priorité et sans retenue à son grand-père et, avec beaucoup de commisération, consenties à sa mère. Sinon, il est certain que Thomas Bernhard a vécu sans amours démonstratifs.
Thomas Bernhard, c'est une littérature en période de glaciation, un monde sans ami, sans amour, sans chaleur. Les titres de la plupart des ses ouvrages l'expriment : Gel, Béton, La Cave, Le Froid.
Thomas Bernhard n'avait pas eu le temps de commencer sa vie qu'il recevait l'extrême-onction, passant ses nuits dans la salle de l'hôpital qu'on appelle « le mouroir ». La maladie sera le roman de la vie de Thomas Bernhard.
De ses imperfections, de ses manques, de ses blocages émotionnels, Thomas Bernhard fera son œuvre.
Quel amour peut-on donner lorsque l'on n'a pas appris ce que c'était ?
Avant d'être seul, Thomas Bernhard avait commencé par naître seul.
Sans être misogyne ni vraiment misanthrope, Thomas Bernhard sera toujours contre, s'opposant, s'excluant. La vie sans femme. La vie sans sexe. La vie sans cœur.