Ma tête est un grille-pain où j’insère des tranches de vie, où ma mémoire attise le feu de mes souvenirs avec une sorte d’obstination désordonnée…
Le mois de décembre est un mouroir : chaque jour expire au bout de vingt-quatre heures, trente et une fois plutôt qu’une sur le calendrier des rêves brisés.
Le 31 au soir, à minuit, on tourne la page du calendrier et on se retrouve en janvier, le mois des grands recommencements, celui qui fait qu’on ne tourne plus seulement la page mais qu’on referme le livre sur les mots. À suivre avec la peur du lendemain en guise de signet.
Une idée fixe, c’est une pensée qui a pris la couleur des murs parce qu’on n’est pas sorti depuis longtemps.
En devenant père, j'ai rallongé ma vie de quarante ans.
C'est quoi la mort, papa?
Ça, c'est mon fils encore. Il pose toujours des questions dont les réponses sont cachées derrière des millénaires de certitudes révolues.
Le bilan de ma vie s’apparente finalement à un morceau de gruyère : une grosse meule d’obsessions, une croûte lavée avec des trous qui forment une sorte de labyrinthe où mes idées se bousculent dans un désordre indescriptible, où le vacarme que j’entends est du silence déguisé, où j’ai toujours l’impression que tout se précipite autour de moi alors que rien ne bouge.
Excusez-moi, je file ce qu’on appelle un coton difficile, je traverse une mauvaise passe, je broie le noir autour de moi et il colore mes idées en plus foncé si c’est possible.