[sur "Les démons"]
Ne sous-estimons pas Piotr Verkhovenski. Stavroguine le méprise; le narrateur ne le comprend pas; mais Dostoïevski avait compris que seul un démon mesquin pouvait devenir, dans les temps modernes, le vrai génie de la destruction et de la dégradation. Verkhovenski devine que, dans un Etat moderne, la révolution est un spectacle théâtral; et que le vent dérisoire des mots, s'il est dirigé par un habile metteur en scène, est plus fort que les Etats, les armées, la bureaucratie et les Eglises. Aussi, avec l'aide de quelques camarades, répand-il ses incendies de paroles.