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Citation de AuroraeLibri


La science qui s’occupe des manifestations de l’esprit a pour objet deux parties distinctes: celle qui étudie les facultés intellectuelles et celle qui traite plus spécialement des manifestations instinctives ou morales, c’est-à-dire des sentiments et des passions. Cette dernière branche de la psychologie étant la seule intéressée dans les œuvres de Molière, c’est d’elle uniquement qu’il sera ici question.
Quoique la moins étudiée, elle me paraît être néanmoins la plus importante des deux, puisque c’est à elle qu’appartient la solution du γνώτι σέαυτòν, de la connaissance de soi. Cette connaissance ne consiste pas précisément à apprécier les bonnes qualités dont on est doué, mais à connaître, à sentir ses instincts défectueux et pervers, afin {p. 13} de pouvoir les combattre et les réprimer. Or, pour avoir celle connaissance, certaines conditions sont absolument nécessaires. Lorsque les sentiments moraux sont présents dans son esprit en même temps que ses passions, l’homme, éclairé par les premiers sur la qualité des secondes, se connaît : il reste raisonnable en présence de ses passions, il apprécie leur nature irrationnelle ou perverse, et il peut leur résister s’il le veut, car il possède alors tous les éléments nécessaires pour se déterminer librement.

Mais il n’en est plus de même lorsque les sentiments moraux lui font plus ou moins défaut, soit parce qu’un vice congénial ou une cause pathologique accidentelle empêchent leur manifestation, soit parce que, les passions les ayant momentanément étouffés, paralysés par leur violence, ces passions occupent totalement l’esprit. Dans ces diverses circonstances, l’homme, n’étant plus éclairé à l’égard de ses inspirations passionnées par la raison, c’est-à-dire par les sentiments moraux, ne peut plus apprécier les bizarreries, les immoralités, que ses passions lui suggèrent; il les prend pour raisonnables, comme étant l’expression du bien, de la justice et de la vérité. Il est donc aveuglé à leur égard. C’est cet aveuglement moral par les passions, causé par l’effet naturel que je viens d’indiquer et non volontairement, qui constitue la folie humaine. Et celle folie affecte non seulement les infortunés chez lesquels une maladie cérébrale a fait surgir en eux des passions insolites, {p. 14} étrangères à leur caractère; mais plus fréquemment encore et à un égal degré, a démontré Molière, les hommes en santé, sous l’influence de leurs passions naturelles.

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