Emma ne lui avait posé aucune question, parce qu'elle ne voyait pas comment aborder le sujet avec l'enfant. Dans sa formation professionnelle, il n'existait pas de module « gestion des enfants battus, approche psychologique de la douleur, de la peine et de la sauvagerie des pères de famille violents». Et quelles questions aurait-elle pu poser à l'enfant : ça y est, la procédure est en cours ? Les policiers sont venus ? Ils ont arrêté ton papa ? Ils ont serré ses poignets dans des menottes en le traînant au commissariat ? Ça y est, tu es débarrassé de lui, de sa mauvaise humeur, de son habitude de lâcher des coups sans y penser ? Ce ne sont pas des questions que l'on pose.