Rachel McIntyre

Molly me déteste dans la vraie vie, pourquoi voudrait-elle devenir mon amie virtuelle ? La seule idée qu'elle me poursuive sur Internet me fait totalement flipper. Ce serait comme si elle me suivait jusque dans ma chambre

- Madame, est-ce que le printemps est avant l'été ?
Mme Muirhouse a sauté sur l'occasion. Elle adore humilier les élèves.
- Je n'en crois pas mes oreilles, Mikaela. Avez-vous été élevée par des loups ? Dans une bulle ? Sur la lune ?
Je n'ai pas pu m'empêcher de ricaner. Oh, vilaine Lara. Molly m'a jeté un regard laser de la mort et m'a fixé de ses petits yeux de cochon pendant tout le reste du cours.

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J'aimerais que l'amour soit un robinet qu'il suffit de fermer quand vous n'en voulez plus.

En tout cas, j'ai compris son objectif. Depuis qu'il a repéré le cinéma de Molly à l'arrêt de car, il s'est donné pour mission d'intégrer la paria. Peut-être même qu'il en fait un sujet de thèse appelé : la bizarre de la classe 101.

- Lara.
Ses doigts tapotaient le volant.
- Dis moi qui a fait ça. Je veux des noms.
- Je ne sais pas, ai-je répondu machinalement. C'est à gauche après le feu.
J'ai détourné le regard.
- Si tu ne veux pas te confier à moi, d'accord, mais il va falloir que tu en parles à quelqu'un. Tu crois peut-être que ce serait lâche de dénoncer les coupables, mais en vérité, c'est ridicule de tout garder pour toi.
-Je ne comprends pas de quoi vous parlez, ai-je lâché.
Lamentable.
- Moi, ce que je ne comprends pas, a t-il rétorqué, c'est pourquoi une fille aussi intelligente que toi joue les idiotes. Tu n'as pas à supporter tout ça. Va voir Mme Ellis et raconte lui tout. D'ailleurs, demain, première heure, je t'emmène dans son bureau, point final.

Quand je me voyais à travers tes yeux, je savais que je valais quelque chose. Tu m'as donné le courage de redresser la tête, tu m'as appris à être fière de ce que je suis, tu m'as prouvé que je pouvais me défendre au lieu de fuir.

J'ai vécu une année en enfer avant de comprendre : quelque chose qui nous fait du bien peut aussi nous faire du mal.

Moi, le truc le plus extraordinaire de ma vie, c'est de l'avoir rencontré.

Quand ma vie était un cauchemar éveillé à l'école aussi bien qu'à la maison, tu es apparu et tu as éloigné les nuages. Quand je me disais que tu m'aimais, je me sentais comme une déesse. Tous mes problèmes disparaissaient. Tu étais là et tu me soulageais de tout ce qui me faisait souffrir. Quand je me voyais à travers tes yeux, je savais que je valais quelque chose. Tu m'as donné le courage de redresser la tête, tu m'as appris à être fière de ce que je suis, tu m'as prouvé que je pouvais me défendre au lieu de fuir.
Je ne l'oublierai jamais.

De toute façon, j'ai tout essayé : me faire une carapace genre peau de rhino blindée (un rhino sourd de préférence) ou répondre à l'insulte par l'insulte. Mais rien ne marche. Réagir c'est comme se jeter dans un banc de piranhas affamés avec un maillot en jambon cru.
Suicidaire.

En grandissant, j'ai fini par comprendre ! Les filles pas super belles mais pas si moches (comme moi!) n'attirent ni les crapauds ni les princes. Tout ça, ce n'est que des conneries.

Sauf que... soudain, M. J. a surgi de nulle part et il est exactement ce que les contes m'avaient promis : drôle, gentil, intelligent, intéressant, beau. Je ne me sens jamais aussi bien que quand je suis près de lui. Et il pense que je suis une fille géniale.

Mais il ne sera jamais à moi.

Et deuxièmement, maman, prétendre que Molly est une gentille fille ça revient à affirmer qu'Hitler était chou.

Se faire larguer par sa meilleure copine est vraiment horrible. Surtout quand elle vous largue pour une fille aussi crétine que Molly Hardy-Jones. Non sans rire, j'ai des chaussettes avec plus de personnalité.

Mon père vient juste de péter un boulon avec les Voisins (terme générique et méprisant employé des deux côtés de la cloison et qui signifie en fait, "je ne connais pas leur nom et je ne veux pas le connaître").

Depuis que Molly s'est fait greffer un cerveau de cochon d'Inde, elle n'a qu'un seul neurone en état de marche. Du coup, quand elle est distraite (par des graines de tournesol, une roue qui tourne ou le nouveau prof de littérature), elle n'a pas les moyens de penser à quoi que ce soit d'autre.