Raymond E. Feist

Ils contemplaient un monstre qui dominait l'eau à plus de six mètres de hauteur et qui se dirigeait lentement vers la porte. Sa tête, mélange de lézard et de singe, était couverte d'écailles et possédait des oreilles déployées comme des éventails qui partaient de chaque côté de son faciès. Un long aileron pointu ornait son dos, comme chez le marlin. Son corps, vaguement humanoïde, avec des épaules et un torse imposants, et ses mains se terminaient par des griffes longues comme des épées. La puanteur de la créature était suffocante, même à cette distance, comme si elle portait sur elle tous les cadavres des fonds marins. Tandis qu'elle s'élevait lentement hors de la baie, des litres d'eau dégoulinaient de son corps et le soleil faisait luire ses écailles. En arrivant dans la partie la moins profonde du port, qui permettait à de gros bateaux de transporter des marchandises à quai, le monstre avait de l'eau à peine jusqu'à mi-cuisse.
- Par les Dieux, s'exclama Martin. Qu'est-ce que c'est ?
Loin derrière la créature, des bateaux firent leur apparition. Brendan jugea qu'il devait y en avoir au moins cinquante. Il se tourna vers la route de l'Ouest qui menait à Crydee et aperçut des bannières et de la poussière.
- On dirait que les Keshians en ont eu assez d'attendre.
- Ils veulent que ce monstre abatte les portes pour pouvoir ensuie nous attaquer de plein fouet, dit Martin. Il n'y a pas de subtilité la-dedeans.
- Ils n'en ont pas besoin, rétorqua Brendan.