Une utopie, la description d'une société imaginaire, n'est jamais entièrement imaginaire. L'auteur, qu'il le veuille ou non, y reproduit en partie la société de son temps : ce qu'il nous décrit, c'est en réalité la société où il vit, mais revue et corrigée, embellie et idéalisée, ou au contraire, enlaidie et caricaturée, car il y a aussi des utopies satiriques, et ce sont souvent les plus amusantes. Une histoire des utopies serait donc une histoire des idéaux de l'humanité, des luttes et des critiques sociales, qui devrait être à chaque instant mise en relation avec l'histoire des sociétés réelles.
(Préface. Régis Messac dans "Les Primaires", mars 1939.)