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Natacha Vas Deyres (Préfacier, etc.)Guibert Lejeune (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782916185064
166 pages
Editions ex nihilo (16/09/2009)
3.76/5   19 notes
Résumé :
Sur une île perdue du Pacifique sud, les membres d'une expédition scientifique et civilisatrice partent à la recherche des crétins. Ils observent puis se heurtent à un groupe d'êtres humains dégénérés, aux " os ramollis ", au " crâne en cône tronqué ". Après plusieurs mois passés sur l'île, les membres de l'expédition sombrent peu à peu dans la folie, et tombent sous l'influence des Crétins. Leurs esprits vacillants n'ont plus ni référence ni valeur. Valcrétin est l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Bien que son oeuvre de non-fiction soit plus important (en quantité !), Régis Messac est (au même titre que J. Spitz) considéré comme un des pères fondateurs de la SF française, du genre "sans issue". Or, à moins de juger ce livre comme une "simple" contre-utopie, "Valcrétin" verse plutôt dans la critique de société, sarcastique et acerbe (gardez votre crachoir à proximité !).


Ce court roman est aussi le dernier écrit par Messac, avant sa déportation en 1943. Dès 1941, l'auteur était entré dans la résistance : [...] un misanthrope qui ne voyait que trop bien, sous ses fenêtres de 1943, grouiller lâcheté et démission en face des silhouettes vert-de-gris du mal absolu"...et exprime son aversion pour cette humanité à travers ses écrits ; des humains, ça ? Non ! Des crétins !


Un monde de "pauvres baveux, les goitreux, les bossus, les noués, les noueux, les crasseux, chassieux, chiasseux, miteux et marmiteux"...une vallée de crétins... Valcrétin est une île au climat brumeux, humide et froid, perdue quelque (nulle) part dans l'océan pacifique, à l'écart des côtes chiliennes. Suite à la lecture d'un article de presse qui a suscité leur intérêt, l'équipe de professeur Baber, dont son assistant Le Bret se fait le porte-parole, va y débarquer afin d'étudier ce microcosme de "dégénérés". Mais au contact de ces échantillons abêtis, plus proche de l'animal que de l'homme, les hommes de l'équipe, qui se prétendent pourtant intelligents et civilisés , vont succomber...à la crétinerie !


Bon nombre d'analyses littéraires concernant ce livre s'accordent à dire que Messac à voulu dénoncer le colonialisme et/ou la collaboration sous l'occupation nazie. Et c'est sûrement vrai... La préface brillante (de Natacha Vas Deyres), qu'il est d'ailleurs conseillé de lire comme postface (!), va également dans ce sens.
Il y a trois ans, j'ai pu lire le post-apocalyptique "Quinzinzinzili" du même auteur...et de ces deux ouvrages ressort clairement que Messac n'avait aucune foi dans l'espèce humaine. Il va un peu plus loin dans "Valcrétin" et fait dire à Le Bret (p. 50) : "il ne s'agit pas ici d'un conte à la manière d'Edgar Poe, d'une histoire à donner le frisson. L'impression dominante serait bien rendu, à ce qu'il semble, non par le mot de terreur, mais par celui d'écoeurement". L'auteur ne ment pas ! le lecteur sera bel et bien dégouté par les descriptions des crétins, révolté par l'obstination de Baber de vouloir "humaniser" ces êtres qui jusqu'à là vivaient en paix avec et dans leur crasse...écoeuré encore par la bassesse des hommes qui ne savent réagir qu'avec violence quand une situation leur échappe.


Même si l'humour et quelques brins de poésie effleurent par ci, par là...le pessimisme et la noirceur l'emportent : l'homme est un crétin et il ne sait se comporter tel quel.
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Valcrétin porte bien son nom. Dans son tout dernier roman avant de succomber pendant la Deuxième Guerre mondiale, Régis Messac y tisse un récit d'exploration singulier parti d'une idée toute simple : et si, sur notre planète que nous pensons bien connaître (déjà en 1943, date de publication originale), nous trouvions une vallée où s'est développée une civilisation dite « crétine », en marge de toutes les autres populations dites « civilisées » ? L'aventure ne semble résolument pas positive pour l'auteur de Quinzinzinzili

À l'image de beaucoup d'autres récits d'exploration de terres jusqu'alors inconnues (Voyage au centre de la Terre, de Jules Verne, en est le parfait exemple), le récit débute sur une découverte toute bête mais significative selon ce que l'expédition en tirera. En l'occurrence, nous suivons l'expédition de quelques savants organisée vers une île qui abriterait une colonie d'humains n'ayant pas côtoyé d'autres civilisations depuis des lustres et des lustres, et qui est bien évidemment considérée par nos « héros savants » comme des dégénérés. L'expédition est financée par le richissime Charles Corrabin, mais elle est narrée par le dénommé Le Bret, qui est également accompagné de son supérieur, le professeur Baber. Les expériences débutent dès leur arrivée sur cette île au large du Chili, mais rapidement rien ne tourne rond dans cette végétation exubérante, mais en déliquescence programmée.
Nous suivons donc cette descente aux enfers, dans les corps et les esprits. Il est dommage que le récit soit si court, à mon humble avis, car l'histoire n'est pas totalement aboutie. le style est très ancré dans son époque, malgré un hygiénisme qui se poursuit de nos jours et des justifications médico-scientifiques qui pourraient malheureusement avoir encore cours dans notre « charmante » société. Les personnages, malgré quelques fausses pistes, évoluent en fait assez peu, et il est plutôt difficile de s'y attacher, même pour le plus sensible de tous, le dénommé Peignouf, En revanche, notons quelques passages très réussis sur le dégoût des visiteurs pour cette proto-civilisation aussi étrange que répugnante à leurs yeux.

Avec Valcrétin, Régis Messac ne réalise pas un texte d'une grande valeur ; toutefois, ce sont les idées qu'il y propose et développe qui auront une valeur pour le lecteur du début du XXIe siècle.

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{Merci à Nicolas et à toute l'équipe Babelio, pour ce cadeau, et Merci aux éditions de la grange batelière (merci Arnaud pour le p'tit mot, c'est toujours sympa), de m'avoir expédié quelques jours sur cette île insolite, "royaume de Crétinie", pour goûter à une expérience pour le moins exigeante.
J'en suis revenu saint et sauf...ouf!...enfin, peut-être un peu plus crétin que je ne l'étais déjà, mais ça, ce sont les risques de la littérature.
J'ajouterais tout de même 2 petits bémols :
_la nourriture.....BOF !
_le sexe..... TRAUMATISANT !
__ __ __ __ __

Ayant eu connaissance de l'existence d'une île au large du Chili, où vivraient encore un peuple de dégénérés, l'éminent professeur Baber et quelques acolytes, décident à la va vite, de monter une expédition pour y étudier cette société primitive.

Matelots naviguent sur les flots !
...lalala...lala..la..la..la..laaa..🎶
Suite à un certain temps en mer... _"Île en vue Capitaine"!!!
Accostage sur l'île de valcrétin, l'île tant attendue.
Première désolation : l'île est toute caillouteuse, faite de pentes abruptes, aux plages formées d'éboulis, balayées par les vents, un paysage désolé.
De la verdure ? Oui, bien sûr, quelques algues et des arbres souffreteux. Des animaux ? Non.
Bon... le plan bronzette s'annonce mal.
Ce ne sera que plus tard, après quelques excursions du type...sportives, que la rencontre avec le premier autochtone, aura lieu...
_"WHAAAAA!!! qu'est-ce-que ?
Déjà l'un avait épaulé sa carabine.
_"NE TIREZ PAS ! c'est un homme !
_un homme , ça ?
_Un Crétin...c'est la même chose.

LES INTENTIONS DE BABER :
_construction d'un labo de fortune.
_capturer deux, trois crétins.
_prise de sang, examens fouillés, mis au point d'un vaccin dans le but d'humaniser au mieux les énergumènes, et patati...et surtout...et Patata !
Mais voilà...PATATRA !...
_ _ _ _ _

Une aventure haute en couleurs... Marron caca surtout 💩
Haute en odeur ( une version en odorama aurait été amusante...ou gerbante )
Des scènes de sexe..euh.. passons !
Un sacré mélange d'humour, de cradingue, de politique, de philo, de fiches cuisine, de sciences, de météo pourrie, de récits maritimes, de tensions, suspens, désolation, de morale..bref, un roman au top, tout sauf crétin.

Respect Mr Messac, Messac avec un grand Aime !
__ __ __ __ __

Enrichi d'une préface dont il est d'ailleurs recommandé de lire comme postface, nous faisons un peu plus connaissance avec l'auteur, avec l'homme qu'il a été surtout, et celle-ci nous éclaire sur les sens cachés qu'il donne à son oeuvre :
{ Messac souligne lui-même : ce n'est pas un conte à la Edgar Poe, pour donner le frisson. Dans Valcrétin, l'impression dominante n'est pas rendue par le mot "terreur", mais par celui "d'écoeurement".
Un imaginaire social paralysé par la réalité déshumanisée de la collaboration.

_valcretin est une représentation métaphorique de la société française, soumise à l'occupation Allemande. Français, dont Les valeurs s'émoussent, remplacées par l'appât du gain et la peur de mourir.
Humanité dégradée et dégradante, en train de se noyer dans ses déjections morales.
Mettre en scène un personnage, suivant les crétins, projette ce sentiment insupportable ressenti par ceux, qui comme Messac, avaient choisi le camp des résistants.
__ __ __ __ __

L'HOMME :
Blessé à la tête en 14...retour au services auxiliaires à Caen.
Il rédigera deux romans autobiographiques, une pièce, des "poèmes guerriers" et un pamphlet "le pourboire du sang", ou il crachera son dégoût de la guerre, et dénoncera le peu de cas que fait l'état de la vie des soldats.
Politiquement proche des Anars et des minorités syndicales, adepte de la non-violence, théoricien de la paix, il se revendique pacifiste actif.
Arrive 39-45, il rédige un second pamphlet sur le régime de Vichy.
Arrêté à Coutances, emprisonné a St-lô(50), puis Fresnes, transféré dans un camp de concentration en Alsace, pour de nouveau être envoyé dans le camp de "Grob-Rosen" en Allemagne, où l'on perdra sa trace.
On pense qu'il serait mort pendant les marches de la mort, lors des évacuations de camp.
La date de sa mort reste donc indéterminée, il lui en sera attribuée une fictive au 5 Février 1945.
R.I.P

( cette lecture aura été aussi pour moi, une occasion d'aller m'intéresser d'un peu plus près, via Google, à cette maladie : le crétinisme, et notamment aux crétins des Alpes ; dont je connaissais l'expression sans en connaître le sens).

Plus on est fou, et plus on rit ;-)











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Ce roman très sombre m'a déprimée.
Il est sans conteste bien écrit mais l'espoir est quasiment absent du récit. le narrateur se retrouve (de son plein gré) sur une île quasiment déserte.
Les autochtones sont des crétins. Peu évolués, ils se battent, se chamaillent sans cesse (en plus ils sont hideux, ce n'est pas moi qui le dit mais le narrateur)
Le narrateur fait partie d'une expédition de scientifiques justement pour étudier cette « peuplade arriérée »
Ecrit en 1942-43, je comprends que l'époque n'était pas à la liesse mais tant de noirceur et de folie m'a décontenancée.
Je n'ai pas retrouvé l'élan d'enthousiasme ressenti lors de la lecture de Quinzinzinzili du même auteur.
Ce n'était certainement pas le bon moment pour moi pour lire ce roman.
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Livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique, merci à Babelio et aux éditions La Grange Batelière pour cet envoi. Et bravo à ces dernières pour leur travail de mise en valeur de cet écrivain pacifiste, intègre et mort en déportation.
Qu'ajouter à ce que mes collègues lecteurs de Babelio ont déjà si bien dit au sujet de ce petit opus ?
Admirer la langue et le style d'abord. C'est fluide, bien tourné et doucement ironique. Y voir ensuite une prise de distance narquoise face à l'aventure ethnographique des savants du 19e siècle et de leurs héritiers. Et enfin remarquer, à l'instar du cardinal de Retz, que comme pour l'ambiguïté, on ne sort du crétinisme qu'à ses dépens...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Les crétins ont une façon bien à eux de dépecer la viande : avec les mains, les ongles, les dents, les pieds au besoin.
Ah! Comme ils s'en chargent ! C'est à donner le frisson.
À peine les quartiers de chèvre avaient-ils été déposés devant eux, qu'ils se jetaient sur la viande avec fureur, avec folie, avec rage.
Sans précaution, sans discernement, aucune tentative pour choisir entre les bons et les mauvais morceaux.
Ils se jetaient sur les abatis, les membres saignants, arrachant les chairs, brisant les os, massacrant les quartiers de viande et gâchant les trois quarts de la nourriture., Comme ils font toujours, par excessive précipitation.
Si quelque chose, semblait allécher particulièrement leur goinfrerie, c'était de préférence les entrailles, les organes mous, les poumons pareil à des éponges sanglantes, les cœurs et les foies bientôt écharpés en haillons sanguinolents, les intestins crevés laissant fuir un hachis d'herbes encore fumantes, au fumet nauséeux.
Une vieille crétine, en tout semblable à un vieux macaque, se barbouillait la face d'un morceau de poumon auquel adhérait encore un fragment de trachée, se l'enfonçait dans la gorge avec des rots et des râles de délices.
À côté d'elle, un mâle essayait en vain d'engloutir un foie tout entier, sans mâcher, l'éructait, le rattrapait, se l'enfonçait dans la bouche avec rage, pour le revomir tout aussitôt en s'étranglant et en s'étouffant.
Mais les intestins, c'était horrible.
Ils bâfraient le sang, goinfraient à même les boyaux déchirés, l'herbe toute chaude, à demi digérée, qui n'était plus de l'herbe et pas encore de l'excrément, de la crotte en formation.
Une utopie, la description d'une société imaginaire, n'est jamais entièrement imaginaire. L'auteur, qu'il le veuille ou non, y reproduit en partie la société de son temps : ce qu'il nous décrit, c'est en réalité la société où il vit, mais revue et corrigée, embellie et idéalisée, ou au contraire, enlaidie et caricaturée, car il y a aussi des utopies satiriques, et ce sont souvent les plus amusantes. Une histoire des utopies serait donc une histoire des idéaux de l'humanité, des luttes et des critiques sociales, qui devrait être à chaque instant mise en relation avec l'histoire des sociétés réelles.

(Préface. Régis Messac dans "Les Primaires", mars 1939.)
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On comprenait en les voyant la légende des harpies : elles en avaient la laideur et la fureur, et aussi l'odeur, que le vent glacial apportait jusqu'à nous. Comme nous avancions toujours, leur cris et leur agitation redoublèrent. Les mâles se mirent à faire tournoyer leurs bras comme des ailes de moulin. La sécrétion de bave se faisait plus intense, et ils mirent à fienter avec bruit dans leurs larges mains qu'ils plaçaient en auges sous leur fesses ; puis ils lançaient avec force, dans notre direction leurs déjections toutes fumantes et gluantes. Ce bombardement d'un nouveau genre nous fit reculer [...]
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Dans un coin, une femelle tenait en équilibre sur son ventre une caricature d'avorton morveux. Littéralement morveux, car deux chandelles glaireuses lui coulaient des narines. Ce que voyant, la mère, d'un coup de langue, lapa les chandelles et moucha l'avorton.....tendresse ou gourmandise ?
Cependant, le bruit et le tumulte augmentaient sans arrêt dans ce pandémonium de clameurs, de fureurs et de puanteurs. Ça pouvait tourner mal.
Soudain, voilà qu'un de nos sujets, le moins évolué, Moulouf, se précipite vers la mère du morveux et se met à l'accoler. Je crus d'abord qu'ils allaient se battre. Mais je compris bien vite que l'étreinte était d'une autre nature.
Oh! Ils ne se gênaient pas du tout ! Le morveux restait pendu à l'outre flasque du sein maternel, tandis qu'elle s'abandonnait, renversée, d'assez mauvaise grâce pourtant, semblait-il.
Je ne saurais dire à quel point cet accouplement était répugnant.
Je ne pouvais m'empêcher de me répéter intérieurement avec une sueur d'angoisse : vraiment, sommes-nous comme ça, quand ?... Pour détourner le cours de mes idées, j'interrogeai Peignouf. "C'est sa... compagne ?" demandai-je, en parlant de Moulouf et de la triste femelle à la répugnante bedaine.
J'eus quelque mal à comprendre sa réponse...
..."C'est sa mère. C'est sa mère".
_Sa mère ?
"
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L'être semblait courir à quatre pattes, avec une sorte d'agilité maladroite, si je puis dire. [...] Déjà Corrabin épaulait sa carabine ; le professeur l'arrêta. Lui posant la main sur le bras, il proféra avec une gravité inaccoutumé :
- Ne tirez pas, c'est un homme !
- Un homme, ça ?
- Un crétin, si vous voulez. C'est la même chose.
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Imaginales 2015. Régis Messac, écrivain d'anticipation.
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