« La vie est-elle figée? Pourquoi la beauté le serait-elle? A force de la voir comme une forme, nous ne voyons plus sa substance.
Or, elle est là,ici et maintenant.
Elle rythme nos vies, vibre, rayonne.
Elle se déploie, se déplie, se révèle à l’image d’une floraison permanente, d’une métamorphose continue, elle se mêle à l’action, grâce à elle, sans se confondre avec elle.
L’action la révèle, elle donne sens à l’action. »
Remi Huppert.
Le refrain de l'antienne entretenait l'illusion. Dos tourné à l'église, brandissant son mégaphone en guise de ralliement, le pasteur tremblait à la vue de la scène. Au Jugement Dernier, promit-il, les gosses renaîtraient de leurs cendres. Interrogations : A quand la fin de ce temps-là ? Pour quelle raison la mauvaise fortune accablait-elle les siens, les destinait-elle au supplice ? Dieu, expliqua le pasteur, éprouvait ainsi son peuple. Quelle épreuve ? Rien ne la justifiait. Bukka vivait au-dessus d'un gouffre. Son âme se rebellait. En face, la meute, interloquée, foudroyée, menaçait. Les familles, pour la plupart, bouderaient ces prophéties, les endeuillés répugneraient aux cérémonies d'usage, inhumeraient les corps. Seuls. La police mimerait une enquête, empilerait les témoignages, analyserait les contradictions. La justice, l'instruction bâclée, classerait le dossier "faute de preuves". Police et justice, en conscience, faisaient leur travail.
Qu'on de le dise !