Il avait dû payer des fortunes des supposées œuvres d’art, du genre que l’on nomme abusivement « peintures », « sculptures » puisque ni pinceaux, ni burins n’avaient été utilisés pour les réaliser : des collages hideux, des amas d’objets usuels hétéroclites voire de détritus en tous genres, des néons colorés et autres « installations » qui nécessitent généralement de longues explications pour que l’on puisse simplement faire mine de comprendre la « démarche de « l’artiste »… Page 324
Lors d'une réception pour la sortie d'un livre dans un club très huppé de Huaihai Road (en quelle sorte le rite du Faubourg Saint-Honoré shanghaienne), je fus adoré par la responsable commerciale du club une trentenaire soignée et non dénuée de charme, qui voyait sans doute en moi une personne susceptible de lâcher cinq mille euros de cotisation annuelle pour avoir le privilège (!) de pouvoir lire le journal enfoncer dans un fauteuil club. Comme il est d'usage en Chine, nous échangeâmes nos cartes de visite. (...) Mon nom écrit à l'occidentale ne lui disait évidemment rien. Mais lorsqu'elle lut le côté rédigé en mandarin et découvrit le patronyme de son interlocuteur (Hai mi. Dai Gao Le en pi yin), elle releva la tête et, dans un grand sourire me déclara : "Oh, c'est drôle, vous avez le même nom qu'un aéroport !"
Les ragots, il ne les colportait pas, d'accord, mais il était à l'affut de tout ! Les petits secrets, les vilaines manies, les travers de toutes sortes, les vices les plus épouvantables, les misérables petites hontes. Il traquait tout ça avec délectation, il s'en repaissait, il en jouissait même ! Ah, le malin, il la connaissait bien, la nature profonde de l'homme !