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4.22/5 (sur 37 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Âgée de 34 ans, Aure Hajar vit à Paris et enseigne le droit en faculté. En 2019, elle remporte le concours de manuscrits organisé par l'école Les Mots. En 2022, elle contribue à un ouvrage collectif sur le désir au féminin, paru aux éditions Ramsay. Sentir mon corps brûler est son premier roman.

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Sentir mon corps brûler - Éditions Eyrolles Présentation du roman par l'autrice Aure Hajar Résumé : Quand Lila emménage à Paris pour y étudier le droit, tout lui semble à portée de main. Pourtant, à la faculté, la réalité des rapports sociaux la rattrape. Ses camarades des beaux quartiers respirent l'assurance et la sécurité, elle enchaîne les petits boulots pour payer son loyer. Une situation qui la rend invisible. Alors, protégée par un pseudonyme, Lila commence à se prostituer sur Internet. Elle fixe le prix, rencontre des hommes choisis, aidée par ses consoeurs de la « putosphère ». D'abord enivrée de sa puissance, la jeune femme perd peu à peu le contrôle sur ce corps dangereusement étranger. Disponible en librairie.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
"Un badaud me repéra, il s'avança vers moi pour me parler, je fis un pas de côté pour m'en éloigner. Il me rattrapa et me dit S'il te plaît, un p'tit sourire, ça m'ferait plaisir. Je levai les yeux et regardai l'homme qui avait prononcé ces mots ; il ne ressemblait à rien. Il avait une vilaine peau, un regard de chien. Qu'espérait-il en s'adressant à moi ? Que je lui sourie, sans doute, et c'est là le drame commun à nombre de femmes : l'on attend d'elles, de toutes, qu'elles se plient en quatre pour satisfaire le moindre quidam, qui confond ses désirs avec des vérités générales. S'il veut que la femme sourie, il faut que la femme sourie, et lorsqu'il l'interpelle il ne peut la déranger puisqu'elle n'a pas d'existence propre en dehors de lui, lui l'égocentré phallocrate qui ne parle que de lui, qui ramène tout à lui, qui ne pense qu'à son petit plaisir dans la vie sans se demander s'il importune son interlocutrice, dont il attend disponibilité et éternel renoncement. L'homme est un encombrant."
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Et alors ? aurais-je dû lui répondre. Je ne le connaissais pas; qu'est-ce que cela pouvait bien me faire qu'il me trouve jolie?
Je n'avais pas la maturité, le recul nécessaire pour me rendre compte des mécanismes à l'oeuvre. Je ne savais pas que j'étais flattée parce que les films, les livres, les magazines, les dessins animés, les émissions télévisées, les chansons et les comptines, la famille, les amis, les voisins et les voisines, tous m'avaient savamment inculqué l'idée que ma valeur résidait dans le fait d'être trouvée jolie.
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Je n’éprouvai pas de douleur à proprement parler, plutôt une forme de lassitude d’autant plus grande qu’il réitéra encore, encore, encore. La dernière fois, je lui demandai de me laisser. Ma phrase s’étouffa dans un haut-le-cœur; je continuai d’encaisser, en dépit de la fatigue, de l’amertume, de la nausée. Et tandis qu’il m’écrasait par terre, tandis que je le laissais faire, se produisit un phénomène que je crus d’abord vivre pour la première fois: je me séparais de mon enveloppe corporelle et m’observai de l’extérieur. Je me vis de haut, de loin, recroquevillée dans un coin. Dépouille becquettée par un vautour. Je contemplais ce corps qui n’en était plus vraiment un, qui n’était d’ailleurs plus vraiment moi, tout juste mon contenant. Cela le conforta dans l’idée que cette activité était temporaire et qu’un autre destin m’attendait: un jour, les gens me verraient.
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Un jour, ça va péter, puisque ces hommes sont des animaux, que les enquêtes pour viol, n'aboutissent pas, qu'il y a toujours des plaintes et des juges qui ne condamnent pas, et que sans un sursaut, le monde ne changera pas
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"Car à bien y réfléchir, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même - et à eux, aux hommes, cela va de soi. Je crevais d'être vue par eux, voulue par eux, admirée d'eux. Leur approbation conditionnait ma vie. Alors je les flattais et leur donnais ce qu'ils attendaient, je croyais ainsi m'émanciper, m'éloigner de ma mère, défier des règles ancestrales ou religieuses. J'étais en vérité leur esclave."
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Victor me l’avait bien fait comprendre, il trouvait les putes moins fréquentables que les bêtes. Et Victor, j’en étais sûre, trouvait d’innombrables excuses aux bêtes : ce sont des hommes qui se sentent seuls. Qui ont des besoins. Qui décompressent. Qui se déniaisent. Ce sont des séducteurs. Mais sans doute Victor faisait-il preuve à l’égard des putes d’une moindre indulgence : Elles ne se respectent pas. Elles sont indignes. Elles sont vulgaires. Elles sont malades. Ce sont des femmes à problèmes. Il faut les exclure. Elles ne valent rien.
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Filles. Par ce mot il désignait à la fois les enfants de genre féminin, mais aussi les putes, les actrices porno et plus généralement l'ensemble des femmes. Les personnes de genre masculin avaient droit à un vocable précis, circonstancié - fils, homme, client, acteur. Mais nous, en toutes circonstances, nous n'étions que des filles.
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Comme chaque nuit, les lumières blanches des réverbères traversaient mes stores et éclairaient les murs de ma chambre. Je ne dormis pas immédiatement. Les yeux à demi clos, j'écoutais le bruit de la ville qui ne dort jamais, celui des touristes attablés aux terrasses des cafés, le vrombissement des pots d'échappement, le murmure du pas des hommes sur le pavé. Il me parut plus puissant que d'ordinaire, je crus d'abord à une tempête de grêle ou à la foudre qui s'abattait sur la cité. Des arbres déracinés. Des toits arrachés. Puis j'ouvris complètement les yeux et tout me parut clair : Tu te trompes, Lila, ça ne peut pas être ça, tu n'entends rien d'autre que ton corps qui gronde, la colère enfouie au fond de ton ventre qui déborde et t'inonde, sa crue qui croît chaque seconde fomente une fronde contre cet ordre qui t'étouffe et que l'on essaie de t'imposer.
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"Longtemps tu as choisi de te taire. Ne pas qualifier les faits. Ne désigner personne. Passer à autre chose, comme si c’était possible, pour conserver en tête un peu de la beauté du monde. Longtemps tu as gardé le silence sur la violence que tu refusais seulement de voir, de dire, d’entendre, imaginant peut-être que ton déni se transformerait en liberté. Vaine promesse. Et à force de taire les choses, à force de ne rien dire et de ne désigner personne, à force de sourire sans que quiconque ne s’en étonne, tu as laissé à d’autres le soin de raconter ta propre histoire. De lui donner la direction qui leur convenait. Et cela, tu ne pouvais t’y résigner."
[Nouvelle Abus de faiblesse, dans Le désir au féminin, ouvrage collectif, Ramsay, 2022]
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"L'automne s'écoula ; une partie de ma jeunesse se dilapida. C'était quasi imperceptible, un sentiment diffus de spleen, une douleur à la poitrine et le coeur qui battait là, presque sur l'estomac, dans cette plaie béante que je refusais de voir et de laisser voir"
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