En supprimant la propriété individuelle, le collectivisme nous empêche de marquer notre territoire. En donnant toutes les responsabilités à une entité abstraite, il élimine la nécessité de se battre. Même s'il marchait (et l'échec des plans staliniens ou celui du Grand Bond en Avant de Mao ont montré les limites du contrôle centralisé de l'économie), le collectivisme n'offrirait à l'homme que la sécurité dont jouissent les animaux d'un zoo.
La révolution néolithique a vu l'homme préhistorique passer de l'économie de prédation à l'économie de production. Il est temps qu'une nouvelle révolution nous fasse passer de l'économie de production à une économie que j'appellerai de façon un peu abusive l'économie de subsistance, c'est-à-dire une économie dans laquelle chacun produit juste ce qu'il faut pour obtenir les revenus qui lui sont nécessaires, sans devoir surproduire pour augmenter artificiellement ses capitaux et amasser une richesse factice pour lui et pour ses descendants grâce à une rente volée sur le travail des autres.
Dans le monde actuel, l'argent qu'ils avancent est indispensable à l'entreprise mais cet argent a été forcément produit par une autre entreprise, antérieure à la présente. Cette entreprise antérieure a bien évidemment rétribué les investisseurs, puisqu'ils disposent maintenant d'argent à investir. Au nom de quoi les investisseurs reçoivent-ils une nouvelle rétribution pour cet argent fossile, puisqu'ils ont déjà été payés ? C'est une injustice flagrante puisque certains sont payés deux fois tandis que d'autres, les travailleurs, ne reçoivent qu'un salaire fixe pour leur travail.
Mon idéologie s'appuie donc sur une approche biologique de la morale, dont le principe fondamental est que j'accorde à tout homme l'importance que je m'accorde à moi-même. C'est, bien entendu, le "Aime ton prochain comme toi-même" de l'un des philosophes dont je viens de parler, Jésus. N'ayant pas trop d'illusions, il ajoutait "pour l'amour de Dieu". Vu le peu de succès de la formule, je me permets de proposer "pour la survie de l'espèce", mais je n'ai pas plus d'illusions que lui. Laissé à lui-même, l'individu essaiera par tous les moyens de satisfaire ses propres besoins et désirs au dépens de ceux des autres. C'est là l'erreur du libéralisme économique qui a cru que la libre entreprise, la libre concurrence et le libre jeu des initiatives individuelles devaient nécessairement déboucher sur le meilleur système économique et politique possible. On en sait les conséquences, monopoles, bulles, crises financières, exploitation des travailleurs, délocalisations et autres joyeusetés. C'est également l'erreur des marxistes qui croient que si l'on donne à chacun selon ses besoins, chacun donnera selon ses moyens. La première proposition ne pose aucun problème, mais il est utopique de croire que l'homme ordinaire agira selon la seconde sans y être forcé.