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Critiques de René Hausman (94)
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Franquin : Il était une fois - Idées noires

http://www.auracan.com/albums/2618-idees-noires-il-etait-une-fois-par-franquin.html - Bernard Launois



L'incontournable opus du maitre Franquin



Qui aurait pu penser que l'ineffable André Franquin se lancerait dans pareille aventure, celle de réaliser des histoires à faire rire jaune ? Assurément ceux de son entourage qui connaissaient son sens aigu de l'humour décapant n'ont guère été surpris !

De la mouette qui n'a de rieuse que le nom pour un synopsis que Hitchcock ne renierait pas, à l'amoureux transi qui finira par cannibaliser sa dulcinée pour assouvir sa fringale, le génialissime Franquin s'est lâché dans la série en offrant un scénario tantôt gore mais toujours drôle, tantôt hyperréaliste … au point que l'on pourrait se demander si ce n'est pas l'actualité qui est narrée. Rire de situations qui n'ont rien de drôle au départ mais que le scénariste est capable de sublimer, voilà ce dont était capable André Franquin. On ajoutera un dessin d'ombres chinoises à l'encre souvent aussi noire que l'histoire, et il ne restera plus qu'à déguster une bonne soixantaine d'histoires.

On soulignera l'excellent travail éditorial de Fluide Glacial qui ne s'est pas contenté de compiler toutes les planches d'idées noires, initialement parues dans le Trombone illustré puis dans la revue Fluide Glacial et éditées en deux albums, mais d'enrichir l'intégrale d'une soixantaine de pages d'interviews qui vont permettre au lecteur de (re) découvrir toutes les facettes de cet auteur aux talents multiples. L'intégrale comporte également des hommages de grandes figures de la bande dessinée : de Foerster à Pixel Vengeur en passant par l'incroyable Gotlib, près d'une dizaine de dessinateurs ont dessiné des odes à la série, des témoignages de l'attachement qu'ils ont pu y porter.

Au travers des interviews de ses proches et amis ainsi que des éditos ressortent toute la sensibilité et le talent de ce grand auteur qui aura marqué le 9e art, mais transparaît également un pan de son personnage peut-être plus méconnu du grand public, investi dans le militantisme pour l'écologie, la défense des droits humains et contre la guerre.

Voilà quarante ans que les Idées noires sont nées et ça valait bien un pareil hommage.



©AURACAN LAUNOIS

http://www.auracan.com/albums/2618-idees-noires-il-etait-une-fois-par-franquin.html - Bernard Launois



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Le Chat qui courait sur les toits

Il était une fois... un petit royaume heureux, gouverné par un roi juste et d'humeur toujours égale. La reine venait d'accoucher d'un prince héritier et le pays fêtait ce fait en tout faste...

Hélas...le petit prince était victime d'un sort inconcevable : il prenait le visage de chaque animal qui le regardait, tout en gardant son corps humain. le conseiller manipulateur du roi recommandait à ce dernier d'enfermer l'enfant grandissant dans un cachot afin que nul ne puisse contempler cette erreur de la nature.

Le roi devenait triste et coléreux...la reine se mourait de chagrin...et l'enfant s'échappait...

Recueilli par un sage ermite, puis par une troupe de comédiens ambulants, le prince apprendra à accepter sa différence...



Dans ce conte, à l'ambiance 17e siècle, magnifiquement illustré par les aquarelles de René Hausman, tout est dit avec justesse : la révolte contre le destin, les renonciations que la différence impose, l'acceptation de soi...

Cette BD pour un très large public (les plus jeunes passeront peut-être rapidement sur les quelques citations d'Eschyle) m'a surtout enchantée par ses illustrations (peintures ?) dans une palette de couleurs près du réalisme. le dessinateur-peintre est (e.a.) connu pour son talent à refléter le monde animalier... il sait tout aussi bien exprimer l'âme humaine !
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Signé Capitaine Trèfle

Un grand merci à Babelio et aux Editions Le Lombard...



Dans l'Ardenne ardenneuse, Capitaine Trèfle, sur son cheval, s'approche d'une taverne quelque peu en ruine. Des hurlements stridents attirent son attention. Grimpant les quelques marches en bois, il aperçoit quatre spadassins malmenant un pauvre petit lutin sans défense. Epées à la main, un combat s'engage alors. En quarte, en sixte, coup droit puis coup fatal qui coûtera la vie à ces quatre malotrus. La Capitaine Trèfle emmène avec lui Nourcine. Ils rejoignent une vieille bâtisse en pierres habitée par Bucane Noctiflore, un illustre magicien et astrologue, accompagné de son chat Poltergeist et de sa chouette Chimène. En haut de son observatoire où ils vont ensemble déjeuner, il remarque aussitôt que le corsaire cache quelque chose sous sa cape. Ce dernier fait sortir le lutin qui dort paisiblement. Tout heureux d'avoir devant lui cet être magique qu'il pensait ne plus jamais rencontrer, Noctiflore s'empresse de se renseigner sur lui. Dès que le lutin des sables ouvre un œil, il leur raconte son histoire...



Partez, à bord de Lola, à la rencontre des petits lutins des sables, des pirates, des fées, des monstres marins tentaculaires ou encore des peaux-rouges. Dépaysement garanti! Pierre Dubois déborde d'imagination et nous a concocté une potion au goût particulier. L'on évolue dans un monde imaginaire fantastique. Le scénario, quelque peu linéaire, n'en reste pas moins original, avec des textes étoffés et quelque peu désuets. De chat-clown en chat-clown, l'on suit le périple de ces nouveaux amis. En la personne de Hausman, Dubois a trouvé un compagnon de route idéal tant les dessins et les couleurs sont en parfaite adéquation avec la trame. Son trait unique et reconnaissable ainsi que ses couleurs tendres sont du plus bel effet, notamment les quelques pleines pages.



Capitaine Trèfle... une rencontre étonnante...
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Le Chat qui courait sur les toits

Il était une fois...



Cette chronique ne pourrait commencer autrement car « Le chat qui courait sur les toits » est une bien belle fable qui revêt tous les effets d'un conte.



Il était une fois, dans un royaume merveilleux, un roi et une reine qui vivaient heureux. de cette union, naquit un petit prince, un beau bébé bien dodu.

Alors qu'il tirait goulûment sur le tétin généreux de sa nourrice endormie, une pie vint se poser sur le rebord de la fenêtre et le nourrisson croisa son regard.

A cet instant, la nourrice éveillée par le pincement de l'enfant, poussa un cri de frayeur et succomba de terreur.

Le roi, la reine, le frère du roi, alertés par le cri, accoururent. Qu'elle ne fut leur stupeur en découvrant le petit prince avec une tête de pie ! Tour à tour, son visage prit les traits d'un papillon qui voletait dans la pièce puis ceux d'un beau chat roux que la curiosité attirait en ces lieux...

Il n'y avait plus aucun doute. Il y avait là sortilège, diablerie, malédiction !

Le roi et la reine décidèrent alors de cacher et d'enfermer le petit prince devenu si disgracieux...



Nous en sommes à la page 11. Il en reste encore 49. Bien entendu, je vais vous laisser sur votre faim.

Sachez seulement que comme dans tout conte, rien n'est laissé au hasard et qu'il convient d'en tirer une belle leçon de philosophie sur le thème de la différence.



Mais ce n'est pas tout. Les aquarelles de René Hausman tiennent elles aussi du merveilleux et les quelques cases en pleine page ou en demi-page qui jalonnent cette bande dessinée sont vraiment admirables. Hausman sert remarquablement cette histoire par ses talents d'illustrateur. Les décors médiévaux sont enchanteurs, les représentations des animaux sont soignées à l'extrême, les couleurs patinées donnent un charme à l'ensemble.



Ajoutez à cela quelques références classiques insérées ça et là : le Capitaine Fracasse, Cyrano de Bergerac, Eschyle, le Chat Botté...



Tout cela est bien tentant, n'est ce pas ?

Alors, prenez ce fauteuil là au coin du feu et laissez-vous porter par la magie des mots et celles des images.



- Ohh il est beau le château avec la lune qui l'éclaire. Et la chouette, elle me fait peur avec ses yeux tout ronds !

- C'est un hibou. C'est comme ça qu'on le différencie de la chouette, avec les aigrettes qu'il a sur la tête. Tu vois, là ? On tourne la page maintenant ?

- Oohh regarde il y a un homme qui court sur les toits. Il a une tête de chouette !

- Hibou, il a une tête de hibou. Écoute un peu l'histoire maintenant :

«  Quinze printemps plus tôt, lumières et couleurs déferlaient en un torrent de liesse...Tout le royaume était en fête car venait d'arriver celui que l'on n'attendait plus...le prince héritier ! ...
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Signé Capitaine Trèfle

♪ Ca-pi-taine Trèfle, tu n'es pas, de no-tre galaxiiiie ♫



Et pour cause, dans la sienne y évoluent aussi bien des fées que des géants, des sirènes que des faunes, des Kraken, des pirates et des guibs ( lutins des sables pour les rares néophytes ). Cherchez pas le lien, y en a pas.



Intéressons-nous justement au cas de Guib.

D'une nature petite mais généreuse, ce lutin, ne supportant pas l'éloignement de la mer, aspire à la simplicité. Vivre paisiblement au rythme des saisons tout en comptant fleurette au houblon et tétant son amoureuse de Dodeline, si ce n'est l'inverse...

Mais ça, c'était avant. Avant que le Pirate Ecarlate et sa horde d'esclavagistes ne débarquent pour asservir ce petit monde de légende.

Miraculeusement sauvé par le Capitaine Trèfle, c'est en sa compagnie et celles de l'illustre magicien Bucane Noctiflore flanqué de Corbus Barbygère, son fidèle assistant, qu'ils vont parcourir le vaste monde, à la poursuite de ce pirate sans honneur, pour tenter de sauver ce qui peut l'être encore...



Pierre Dubois est Elficologue autoproclamé de profession. Passionné de contes et de féerie, son quotidien gravitera très rapidement autour de ces deux axes peu communs.

On y retrouve ici tout ce qu'il affectionne. Si le récit premier focalise sur la piraterie, il est fortement nimbé de légendes en tout genre. Faut-il pour autant y chercher une quelconque logique ? Surtout pas, et ça m'arrange. Le maître-mot, se laisser porter par l'histoire, aussi improbable soit-elle, tout en se délectant des fantastiques planches à l'aquarelle d'Hausman.



Le Capitaine Trèfle, piquant à souhait, tape presque dans le coup de coeur, dixit Caro. Et j'suis pas loin de penser comme elle...

3.5/5



Merci à Babelio et aux éditions LE LOMBARD collection SIGNÉ pour cette bien agréable balade en Duboisie.
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Le Camp-Volant

Que l'on ne s'y trompe pas . René Hausman , sous ses faux airs de Père Noël débonnaire , fait plutôt dans le cruel . Noirceur des âmes , mélancolie d'un récit mâtiné de contes et de légendes faisant la part belle à l'humain borné et stupide préférant de loin dénier un monde onirique cependant fortement ancré dans l'héritage culturel plutôt que de tenter d'en concevoir sa possible existence .



Dépositaire de ce savoir onirique , le Camp-Volant , véritable pierre angulaire de ce récit . Personnage énigmatique s'il en est , il cristallise à la fois répulsion et attirance , crainte et respect . Libre comme le vent , il a fait de la nature son cocon , de la liberté son étendard .

A la fois acteur et conteur , ce sorcier itinérant déclame poétiquement son histoire que l'on pressent déjà vouée au tragique et à l'accablement le plus sinistre .



Hausman traite ici d'un sujet qui le berça durant toute son enfance . Trolls , lutins et autres petits farfadets n'ont pas leur pareil pour titiller l'imaginaire féérique de cet auteur complet de renom . Il signe ici un conte désabusé , magistralement porté par un dessin et un encrage à base d'aquarelle toujours aussi immédiatement identifiable . Quel régal pour les yeux !



Le Camp-Volant , one shot de haut vol !
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Le Camp-Volant

A la première lecture, je n'ai pas aimé cet album, le trouvant trop glauque, trop brouillon, imprégné d'une couleur maussade.

A la deuxième lecture, je me suis attardée plus longuement sur le texte, sur les dessins à l'aquarelle et j'ai changé d'avis...



L'histoire est, certes, âpre, comme pouvait l'être la vie des paysans au début du 20ème siècle dans les campagnes reculées. Rude et frustre mais quand on y regarde de plus près, Hausman a su y glisser subrepticement des bribes de poésie, des instants suspendus d'une angélique tendresse, des moments de rêve ...ce qui rend ce conte ardennais d'une ignoble bestialité encore plus poignant.



René Hausman n'a pas son pareil pour évoquer et rendre hommage au Petit peuple de la forêt et ici encore, ces petits êtres - lutins discrets et facétieux - jouent un rôle primordial dans cette fable humaine si inhumaine ! René Hausman puise dans les légendes d'autrefois, racontées au coin du feu, toute la sève qui donne à son univers un côté mystérieux, fantastique et féérique, particulièrement apprécié par les adeptes du genre.



Peut être lirais-je cet album une troisième fois ... Histoire de réinventer une nouvelle fois la fin du Camp volant, fin pour le moins très énigmatique.
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Le Camp-Volant

Epoustouflant !

Sans être un spécialiste de la bande dessinée, j’en ai vu pas mal depuis quelques années. Mais le dessin de Hausman est au-dessus du lot.



Le scénario, que l’on arriverait presqu’à oublier tant le graphisme est prenant, raconte une histoire de « Camp volant » expression employée dans certaines régions pour désigner un marginal, des nomades, romanichels, roms, etc. et affublé à tort ou à raison par la croyance populaire de pouvoirs surnaturels.



Au-delà de cette histoire, c’est aussi un portrait d’une époque, d’un milieu social empreint de tradition orale.

Le lecteur y retrouvera certainement un peu de ses racines, transmis par Hausman avec à la fois violence et poésie.

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Signé Capitaine Trèfle

C'est à l' occasion du vingtième anniversaire de la collection "Signé" et du partenariat qui a été mis en place entre les éditions Le Lombard (maison d'éditions chez laquelle cette collection est publiée) et Babelio que j'ai reçu cette bande-dessinée. Aussi, commencerais-je ma critique par simplement remercier ces deux derniers qui me font découvrir des histoires extraordinaires, toujours avec un graphisme toujours aussi bien travaillé avec des couleurs pastel pour ce tome-là et, tout cela, donc, réuni dans une collection de prestige.



Ici, le lecteur découvre (ou redécouvre pour certains) le capitaine Trèfle qui se fait le défenseur de la veuve et de l'orphelin. C'est en sauvant un lutin détenu par d'affreux pirates dans une taverne que Trèfle va devoir faire affaire avec son ami magicien Bucane Noctflore et va ainsi se lancer dans une incroyable aventure. Après avoir réussi à identifier la race à laquelle le lutin appartient et ainsi, pouvoir lui prodiguer les soins nécessaires, que le capitaine et son ami apprennent, de sa propre bouche, sa tragique histoire. Mais, tout grand capitaine qu'il est et, de plus, ayant juré de ne jamais mourir, Trèfle est bien décidé à venir en aide à ce petit être sans défense ainsi qu'à toutes les autres créatures fantastiques qui sont aux mains des pirates et qui les exploitent dans des cirques comme des monstres pour la simple raison qu'ils sont étranges.



Une histoire, bien que fabuliste, où le lecteur rencontre toutes sortes de créatures merveilleuses et croise aussi d'autres légendes telle celle du Hollandais volant, redouté par tout vieux loup-de-mer qui se respecte, mais tire aussi une bonne leçon de morale quant au comportement humain. L'inconnu nous effraie, il est vrai mais, même si vous ne connaissez pas, vous, chers lecteurs, le capitaine Trèfle, je ne peux que vous recommander cette lecture qui, je l'espère, ne pourra que vous ravir !

J'y ai également trouvé une référence à la célèbre tirade de Cyrano de Bergerac lorsqu'il se bat et fait des rimes en même temps. L'ai-je inventé ? Peut-être...A vous de me le dire !
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L'elfemeride printemps

L'Elféméride automne-hiver ayant conquis mon coeur . Je suis revenue dans ses contrées enchantées pour y passer un printemps magique avec toutes les créatures qui le peuple.
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Signé Capitaine Trèfle

« Le Capitaine Trèfle fit de trois revers, une quarte et deux moulinets, siffler son épée et jura au rondon de la Lune de ne jamais mourir. »



La nuit est noire à l'heure où on la rêve livide...

C'est une bonne heure pour lire Capitaine Trèfle.

C'est le moment de s'éveiller doucement à toutes les chimères, à tous les mirages que nous offre l'ombre de la nuit, de s'abandonner aux légendes enfouies depuis bien longtemps.

En ces heures indues, il est bon de croiser le fer et les lutins de mer.

Couper la route du Vaisseau fantôme.

Dégager d'un coup de cuissarde les affreux pirates, goguenards vestiges d'un Jack Sparrow se ratatinant.

Batter de boulets la coque ennemie pour l'embraser de flammes rougeoyantes.

Tirer droit, au bon endroit, en prenant bien garde de ne pas blesser au passage les jolies sirènes et les baleines « cathédrales des eaux païennes ».

Parer de ses plus beaux atours la fille du capitaine, Cybèle et si irrésistible.

Riposter de pied ferme.

Parader...



C'est une bien belle parade à laquelle nous invite Hausman et Dubois et, de chat-clown en chat-clown, on se laisse émerveiller par l'harmonie délicate des mots et des dessins, par la merveilleuse alchimie qui n'en finit pas de vibrer sous la plume de ces deux artistes, l'un dessinateur, l'autre scénariste.



Le temps est suspendu. Il ne tient qu'à un fil.

La Lune, de ses reflets argent, lève son voile de ténèbres et dévoile une mer calme, repue de tant de combats, avec ce sourire mystérieux aux crêtes des vaguelettes.

Il lui reste encore tant de choses à cacher...Du moins, je l'espère...
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Le Chat qui courait sur les toits

« Lorsque revient la nuit, l’homme a rendez-vous avec ses doutes, ses peurs issues de légendes séculaires, de superstitions ancestrales… Étrange paradoxe, le jeune prince se sentait en harmonie avec l’obscurité, comme un long vêtement qui le protégeait… Alors, il s’enveloppa de ce manteau de nuit et s’enfonça dans la forêt avec pour seule compagnie cette solitude qu’il connaissait si bien… » 



Je suis venu à cette bande dessinée en allant voir la belle exposition consacrée au Château des étoiles d’Alex Alice au Pôle image Magelis à Angoulême. Quel est le rapport vous allez me dire ? J’y viens ! C’est d’abord parce qu’elle figurait parmi les multiples sources d’inspiration d’Alex Alice. C’est ensuite qu’elle est publiée dans l’excellente collection Signé des éditions Le Lombard et c’est enfin parce qu’elle est illustrée par Hausman dont j’avais beaucoup aimé Capitaine Trèfle également publié dans la même collection.



Il était une fois dans un « royaume lointain et merveilleux », un jeune prince victime d’une terrible malédiction. Dès son plus jeune âge, dès que son regard croise celui d’un animal, son visage en prend  l’apparence, pie, papillon, hibou, renard ou chat.



A l’heure des peurs ancestrales et des croyances les plus fumeuses, impossible de révéler au peuple le(s) vrai(s) visage(s) de l’unique héritier du royaume. On choisit donc de l’isoler, de chercher un remède à ce sortilège tout en se réfugiant, pourquoi pas, dans la prière. Avec les années, n’y tenant plus, le jeune prince choisit de s’enfuir. Fuir pour se trouver peut-être…



Dans un marais humide et boueux, à l’ombre d’arbres aux branches aussi tentaculaires qu’inquiétantes, celui qui n’est plus qu’un fuyard aux apparences aléatoires va rencontrer un vieil ermite qui pourrait bien être un premier pas vers une nouvelle vie…



Si je m’attendais ou espérais une fin différente, je me suis laissé envouter par cette histoire, entre charme et diablerie, transcendée par le dessin d’Hausman qui ajoute encore à son ambiance nimbée de merveilleux.
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Le Camp-Volant

C’est un bien bel hommage que rend, ici, René Hausman (1936-2016) à sa grand-mère ardennaise qui, jadis, au coin du feu, nourrissait l’imaginaire de son petit-fils des contes, des légendes et superstitions auxquels elle croyait dur comme fer.



Un bel hommage, oui, à côté duquel je suis passée plusieurs fois sans m’y attarder, tant cette couverture aux camaïeux de bruns et de beiges, avec ce personnage patibulaire qui vous regarde droit dans les yeux, ne m’inspiraient que fort peu. Et puis, j’en ai lu la critique de tchouk-tchouk-nougat ;-), la suite, vous la devinez…



Ce personnage est en fait un changelin. En des temps pas si anciens, quand un enfant mal formé ou tout simplement très laid venait au monde, on croyait que c’était le rejeton des fées, qu’elles avaient échangé avec le bébé humain. Et, pour s’en débarrasser, on le jetait tout simplement au feu (et ça, ce n’est pas de la légende !) C’est l’histoire de l’un d’entre eux, sauvé grâce à l’amour inconditionnel de deux femmes et revenu, vagabond (camp volant), sur les lieux de son enfance, que nous conte René Hausman.



Hausman est un terrien, attaché à son terroir, à ses racines et il excelle à rendre la beauté de ses forêts qu’il chérissait tant (le cheval de trait ardennais, quel magnifique animal, sublimé sous son pinceau !) Conteur (c’est tout le bestiaire issu de l’imaginaire et des superstitions de nos régions que vous découvrirez entre ces pages), il témoigne aussi, avec beaucoup de chaleur et de réalisme, du quotidien de ces villages du passé, de ces campagnes oubliées. Et nous rappelle que les monstres malveillants ne sont pas forcément ceux que l’on imagine…



En fait, j’ai ressenti beaucoup d’amour et de lumière dans cette histoire pourtant éminemment sombre et triste…

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Signé Capitaine Trèfle

Avant de devenir une bande-dessinée de la collection Signé aux Éditions Le Lombard, Capitaine Trèfle est d’abord un roman signé Pierre Dubois et illustré par René Hausman. Lors du passage au format bande-dessinée, les deux acolytes se sont donc retrouvés, Dubois au scénario et Hausman au dessin.



Découvrir le Capitaine Trèfle, c’est partir sur les mers dans le sillage d’aventureux flibustiers, à la découverte d’un univers merveilleux, féérique et étonnamment poétique. Féérique, parce que peuplé de magiciens, de lutins, de géants, de vouivres et de créatures en tous genres en passant par des sirènes et même un effroyable kraken. Poétique, tant on ne peut que se laisser envoûter par la poésie et la musicalité des dialogues de Dubois.



Charmés, vous pouvez aussi l’être par les dessins de Hausman, le plus marquant pour moi étant les couleurs dans les tonalités de bruns et de gris. Peu de couleurs vives, surtout des pastels et un aspect souvent lavis, aquarelle.



Valeureux et vaillant capitaine au grand au grand cœur qui tombe toujours à pic pour ne pas laisser ses amis sur le carreau, le Capitaine Trèfle. Et puis, il y a aussi Bucane Noctiflore le magicien, et Nourcine le guib, enfin le lutin des sables ! Accompagnés de quelques autres, ils ne seront pas trop face à la folie des hommes incarnée par le redoutable et sanglant pirate à la jambe de bois, Haggard Craspeck.



« Nous vivions par de-ci de-là en nos maisons-champignons, en nos châteaux de fleurs, en nos manoirs-montagnes, en nos palais d’eau et de corail… Heureux… Et puis… Et puis, l’homme est venu… Venu déranger, bousculer, chasser, troubler les rivières, ensabler la mer, abaisser les cimes, remonter les vallées, déboiser les forêts, mettre l’envers à l’endroit tout sens dessus dessous. »



Et l’ombre des Pirates des Caraïbes ou du Peter Pan de Loisel plane sur tout ce petit monde…





Un grand merci à Babelio et aux Éditions Le Lombard pour cette découverte.


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Le Prince des écureuils

Il était une fois un petit écureuil - et là , je vous arrête tout de suite car ici , point de Spip à l'horizon - répondant au doux nom de Roufol . Chétif , doux et rêveur , ce petit sciuridé n'aspirait qu'à deux choses en cette période de guerre et de disette hivernale, se sustenter d'un pauvre gland journalier que l'un de ses tyranniques frère de misère ne manquait jamais de lui dérober et trouver grâce aux yeux de la gente féminine , hélas , toujours prompte à le railler . Là j'ai envie de dire : Roufol , pas de bol...

Malencontreusement pris au collet , il s'apprêtait alors à passer de vie à trépas avant d'être miraculeusement recueilli par la fille du magicien , naine de son état et tout comme lui en cruel manque d'affection . Et là , j'ai envie de hurler ma joie : super youpie , la chance revient !

Le destin , ne l'entendant pas de cette oreille – hein , comment ? - sépara prestement les deux tourtereaux , emprisonnant alors la belle dans l'une des oubliettes seigneuriale dans le but de donner descendance au méchant ogre du récit . Aaaaahh le funeste sort que voilà !

Deux glands magiques et quelques planches plus tard...la belle est délivrée , l'a répudié , incitant notre petit rongeur , alors devenu humain et Prince de la contrée , à nourrir de bien sombres desseins envers ses anciens congénères...



Oh le beau conte animalier métaphorique que voilà !

Majoritairement narratif en un vieux François du temps jadis , cette fable cruelle et sanguinaire ne cesse d'interpeller sur l'inné et l'acquis ainsi que sur le pouvoir à même d'avilir et pervertir les âmes les plus nobles . Autrefois rossé et moqué , il passera de statut de victime expiatoire à celui d'ange exterminateur , sa nouvelle condition d'humain et son contingent inhérent de tares aidant .

Disney peut aller se rhabiller , hors de question d'espérer endormir vos chères têtes blondes , qui ne manqueraient pas de cauchemarder , à l'écoute de ce douloureux fabliau à la noirceur d'ébène .

Un dessin magistral , des personnages tout en rondeur tranchant avec l'âpreté du propos ! Un encrage saisissant de réalisme , accentuant un peu plus ce sentiment de monde éthéré apocalyptique .

Roufol devrait faire le bonheur des pas petits et des grands !



Le Prince des Ecureuils : le conte est bon !

Son hymne :

http://www.youtube.com/watch?v=4Fnfi7lPAso
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Le Chat qui courait sur les toits

Je me suis régalé avec cette BD d'Hausman et Rodrigue, "Le chat qui courait sur les toits ".

Ce récit tient du conte. Il aurait tout à fait pu débuter par la célèbre phrase "il était une fois...".

Quelque temps à peine après sa naissance, un jeune Prince semble subir un sort qui l'amène à se transformer au gré des animaux qui croisent son regard.

Les auteurs nous narrent ensuite le destin de cet étrange personnage.

Le style du dessin,  le "hors case" qui sort du classique de la bande dessinée et surtout le texte magnifique et poétique en font un ouvrage magnifique qui charmera plus d'un public.

Bien plus qu'un conseil de lecture, une recommandation.

À lire et à faire lire...



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Le Camp-Volant

Dans la campagne profonde des Ardennes, un vagabond que tout le monde appelle le camp-volant se souvient de vieilles histoires mêlant magie, petit peuple et dure réalité.



Le récit est assez rude et sombre, comme la vie paysanne en temps là. Un peu comme leur langue, ce patois lourd et imaginé. Mais René Hausman sait y semé quelques graines de poésie et de douceur. Il s'est inspiré de légendes, d'histoires que sa grand-mère racontait au près du feu. Cela parle de changelin, de petit peuple et de vieilles croyances.

Le récit est un peu décousu mais je trouve l'ambiance assez bien rendue. Et je pense que le souhait de l'auteur, de retranscrire les légendes anciennes comme les soirs de veillées, est plutôt réussie.



Les dessins sont des aquarelles aux couleurs pales, presque fanées, qui sait retranscrire ce temps d'autrefois. Certaines parties sortent des cases pour raconter une de ses légendes qui balancent toujours entre fantastique et réalité.
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Le Camp-Volant

Un "camp-volant" est le nom donné aux vagabonds au siècle dernier des Ardennes à la Lorraine. Celui que nous rencontrons se souvient des histoires fantastiques que lui racontait sa grand-mère et qu'il aime, à son tour, narrer, au cours de ses voyages.

Il se souvient particulièrement de l'histoire de Firmin Pissecrosse et de sa femme Ghislaine. Un peu rustre, Firmin resta longtemps célibataire mais rencontra Ghislaine, la simplette du village. Lors de leur nuit de noces, le jeune femme, apeurée, n'eut d'autres choix que de coucher avec cet homme. De cet acte naquit un bien joli bébé. Ghislaine se dévoua corps et âmes pour ce chérubin, le chérit plus que tout. Mais, une nuit, il fut enlevé par des gnomes et remplacé par un vilain rejeton. La jeune femme en devint folle et se jeta de son arbre préféré. L'enfant fut alors confié à un couple de villageois...



Cet album oscille entre rêve et réalité, entre légende et conte vivant, entre onirisme et imagination... Avec tous ses créatures féériques, trolls, gnomes et lutins, notre imagination est au firmament.

Le graphisme est de toute beauté et les paysages sont mis en valeur. La mise en page originale apporte une certaine touche de fraicheur et de légèreté. Des cases lumineuses amènent une lueur d'espoir.

Malgré tout, l'on est plongé dans un récit cruel et cru, où la misère et la méchanceté humaine se font sentir également. Le «camp-volant» reste un personnage énigmatique, ce qui le rend d'autant plus attachant.

Du grand art, un vrai conteur et un brin de magie...



Le camp-volant m'a donné des ailes...
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Les trois cheveux blancs

Je l avoue j 'adore l univers de René Hausman , il peut- être aussi dramatique , sinistre , sanglant, cruel que drôle ,charmant ,poétique ou gourmand . Et puis son style de dessins si particulier m 'a toujours ravi Cette BD trouvée chez un bouquiniste me permet de bien modestement de faire hommage à un immense conteur et illustrateur Parti à 80 ans certes mais j aurais bien aimé encore quelques albums
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Signé Capitaine Trèfle

Très déçu par ce volume qui m'est tombé des mains une première fois et que je n'ai repris que pour être sûr de mon verdict. Pas bien brillant, le verdict : ennuyeux, fade, pale et mélangeant un peu tout dans un récit qui a même du mal à respecter la syntaxe avec l'excuse de faire dans le poétique. Je ne suis vraiment pas le public visé par ce genre d'ouvrage. Je m'attends à autre chose en bande dessinée. De plus profond, de plus cohérent et construit. Ici, j'ai lourdement ressenti l'adaptation d'un roman "jeunesse". L'adjectif "jeunesse" derrière le mot "roman" ne devrait même pas exister. Et pourtant... Et quelle jeunesse ? Je vous demande un peu ? Diaphane et transparente dans des dessins remplis de variations de gris colorés à peine visibles. Comme si on avait pris le dictionnaires des êtres fantastiques des provinces françaises pour le passer au mixeur avec les quatre DVD de Pirates des Caraïbes avant de diluer le tout dans une bonne demi douzaine de litres d'eau d'Evian. Franchement, j'aurais préféré que ce soit des os déviants, histoire de mettre un peu de piquant dans toutes ces images d'une extrême mollesse. Désolé de ne pas avoir entre huit et dix ans pour les apprécier pleinement. Et même,... Déjà, à cet âge-là, je n'aurais pas supporté ces grisailles que je j'aurais pris pour un manque de vitalité, un coup de vieillesse prématurée, une forme d'intellectualisme mal placé de la couleur. Et ce serait la figuration d'une forme de douceur ? Vraiment ? "Les doux pirates" éventrant des jouets et mettant à poil des demoiselles lutins ressemblant à des petites filles. Comme c'est logique. Est-ce qu'il faudrait voir dans toute cette ternicitude colorée, l'évanescence de la matière des rêves à la frange du sommeil paradoxal ? Et bien, moi, je rêve en technicolor, Messieurs. Et mon coté onirique, c'est peut-être de la pâte à cartoon mais je ne fais pas dans le demi-ton lavasse et les couleurs éclatent comme dans les Dix Commandements de Cecil B. Demille.



Ha, si seulement le graphiste avait conservé la qualité et la densité des illustrations que l'on peut voir dans le cahier technique en fin de volume. Plus de la moitié du voyage vers une œuvre de qualité aurait été parcourue. Si, en plus, les articulations entre les différentes parties du récit avaient été un peu plus développées, alors là on aurait eu (peut-être) un vrai chef-d'œuvre. Je reste sur une impression très nette de travail non abouti ...
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