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Citation de Charybde2


On ne naît pas traducteur, on le devient, on le devient sans cesse, et ce devenir se traduit à son tour par une danse perpétuelle entre deux activités jumelles : la lecture et l’écriture. Traduire, et là j’avoue ignorer encore si cette hypothèse est pertinente, banale ou niaise, c’est peut-être redécouvrir la lecture dans l’écriture et l’écriture dans la lecture. (…)
Ce désir qu’aurait le texte fini de recommencer, est-il fantasmatique, projeté à sa propre surface par l’étranger que je deviens et qui en fait l’épreuve, ou n’est-ce pas au contraire l’une des conditions de sa survie ? Comprenez-moi bien : je ne dis pas que le texte aspire à être traduit – ce serait lui prêter une ambition contraire à la culture de l’échec sur laquelle il se fonde -, mais plutôt que la traduction déjà le somme, l’aspire opérant une sorte d’appel d’air, entendant ou guettant en lui des vibrations qu’on supposait imperceptibles, parce que cadenassées à son contexte originel. Or la lecture, le travail du lecteur, a remis en branle le texte, et celui-ci a besoin pour perdurer d’être sans cesse déformé, malaxé, oublié, célébré, trahi, adapté, etc.
Ma lecture d’un texte, quand je vais le traduire, relève donc d’une écriture invisible, pour ainsi dire palimpseste, car la parole étrangère a déjà commencé à migrer ; en elle, des pulsions linguistiques exigent une nouvelle surface à bombarder, tels des électrons chassés d’une matière et qui se cherchent de nouvelles attractions inédites. Migrer est la grande affaire, s’enliser le grand danger. Les grands textes aiment à fuir, et il revient au traducteur de ne pas les traiter en fiers diplomates mais en ce qu’ils sont : des transfuges, des clandestins, venus nous secouer dans nos habitudes. (Claro)
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